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LES SCIENCES EN FRANCE.

grave fut celle par laquelle les élections, qui étaient d’abord parfaitement libres, furent soumises à l’approbation du premier consul. Après les cent jours, Louis XVIII fit cette fameuse ordonnance qui décimait l’Institut[1], et qui rendait à chaque académie son ancien nom.[2]. Sans dire expressément que ce grand corps n’aurait plus de vie commune, on déclara que chaque académie aurait son régime indépendant, et cette simple phrase réduisit au néant l’unité de l’Institut. Enfin, en 1832, sur la proposition de M. Guizot, l’Académie des Sciences morales et politiques fut rétablie : elle se trouve actuellement divisée en cinq sections[3], chacune desquelles compte six membres. Par suite de tous ces remaniemens, l’Institut est aujourd’hui composé de deux cent treize membres titulaires résidant à Paris, et de six secrétaires perpétuels, outre les académiciens libres, les correspondans et les associés étrangers. On avait pensé, après la révolution de juillet, qu’un des premiers soins des diverses académies aurait été de renouer les relations qu’elles avaient autrefois ensemble et de rendre ainsi l’unité à l’Institut ; mais, malgré les tentatives de quelques-uns des plus anciens et des plus illustres académiciens, toutes les propositions qu’on a faites à ce sujet ont été écartées ou abandonnées sans qu’on puisse deviner le motif qui les a fait ainsi tomber dans l’oubli. Et pourtant, il s’est présenté dernièrement plusieurs circonstances où l’action de l’Institut réuni aurait été très utile. Actuellement même on s’étonne que ce corps ne prenne pas l’initiative dans le projet de loi relatif à la propriété littéraire, qui devrait intéresser à un si haut degré toutes les académies, et qui, jusqu’à présent, ne semble avoir attiré l’attention que de l’Académie des Beaux-Arts.

Après ce rapide exposé des transformations qu’a subies l’Institut, vous pouvez, monsieur, mieux comprendre encore l’importance et l’utilité des sections. Sans doute, dans certains cas, cette division en sections peut présenter de graves difficultés, mais les avantages qu’elle offre sont à mes yeux incalculables. L’acte le plus important auquel

    fois. C’est alors aussi que les secrétaires devinrent perpétuels : dans l’organisation primitive, ils ne pouvaient rester en fonctions que pendant deux ans au plus.

  1. On sait que l’Académie des Sciences perdit à cette occasion Monge, Carnot et Guyton-Morveau.
  2. L’Académie française, celle des Inscriptions et Belles-Lettres, l’Académie des Sciences et celle des Beaux-Arts.
  3. Voici les noms de ces sections : 1o philosophie, — 2o morale, — 3o législation, — 4o économie politique, — 5o histoire générale.