intimement attachés qu’on ne le pense au choix du représentant officiel de l’Académie des Beaux-Arts.
L’Académie française et celle des Beaux-Arts sont les seules qui actuellement ne publient pas de Mémoires. Pour ma part, je regrette beaucoup que le public ne soit pas appelé à profiter des lumières et des connaissances spéciales des artistes et des littérateurs. Tout ce que l’on sait, on peut le dire, et l’on ne voit pas pourquoi des éloges, des recherches sur la grammaire générale, sur le style, des appréciations critiques des qualités et des défauts de nos meilleurs écrivains, des considérations sur les vicissitudes de notre littérature, des discussions spéciales sur des points controversés de grammaire ou sur l’histoire et l’étymologie de la langue française, ne pourraient pas servir à établir des communications régulières entre l’Académie française et le public. Il y aurait là, à mon avis, profit pour tout le monde, et cette académie, je n’en doute pas, saurait prouver ainsi aux plus incrédules qu’elle est encore digne de présider aux destinées littéraires de la France, que l’on confie quelquefois à des maîtres capricieux et sans expérience. Les travaux du Dictionnaire, auxquels elle semble se borner, sont de leur nature trop lents pour que le public puisse s’y intéresser vivement ; et d’ailleurs, il n’accepte jamais sans contestation ce code de la langue qui doit renfermer et définir des mots empruntés à tous les arts, à toutes les sciences, et à la rédaction duquel des littérateurs seuls ont pris part. Ce défaut, déjà sensible dans le dictionnaire actuel, deviendra bien plus marqué dans le Dictionnaire historique universel de la langue française, auquel on a commencé à travailler. Un tel dictionnaire est à la fois une œuvre de science, d’art et d’érudition, et il ne paraît guère possible que l’esprit et la sagacité des hommes qui sont chargés de préparer ce travail puissent suppléer aux connaissances spéciales qu’ils trouveraient dans leurs confrères des autres académies. Le concours de tout l’Institut est indispensable pour élever à la langue française un monument de cette nature, et il faudrait qu’une commission nommée par les cinq académies s’en occupât sans relâche, sous la direction de l’Académie française, à laquelle appartient de droit la présidence. Cela ne vaudrait-il pas mieux que de voir l’Académie des Beaux-Arts travailler, comme elle le fait, au Dictionnaire de la langue des beaux arts, tandis que l’Académie française prépare un Dictionnaire universel ? Lorsque les deux ouvrages seront achevés et auront paru, s’il y a conflit, et il y en aura mille, auquel faudra-t-il croire ?
Après une année de travaux graves et silencieux, chaque académie,