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l’indépendance des races hindoues furent détruites par les invasions successives des mahométans, de l’an 1001 à l’an 1193 de l’ère chrétienne. À dater du XIe siècle, la domination plus ou moins absolue de l’Hindoustan passa d’une dynastie de conquérans à l’autre, jusqu’à Baber, descendant de Timour, qui, envahissant ce malheureux pays pour la cinquième fois, en 1525, détrôna l’empereur Patan, Soultan-Ibrahim, et commença la dynastie moghole, qui a régné sans compétiteur sur ce vaste empire (si l’on en excepte l’usurpation de Sheer-Khan) pendant près de deux siècles. Sous le règne d’Akbar, petit-fils de Baber, l’empire fut divisé en soubahs ou gouvernemens, ceux-ci en sircars ou provinces, et les provinces en pargannahs ou districts. Le nombre des soubahs a varié sous le règne d’Akbar et les règnes suivans ; mais on peut en compter vingt sous Aurengzeb, savoir : Kaboul, Kandahar, Lahore, Kashmir, Adjmir, Moultân, Dehli, Agra, Aoudh, Allahabad, Béhar, Bengale, Orissa, Malwa, Goudjrât, Khandeish, Bérar, Aurangabad, Golconde et Bidjapour. C’est là l’époque la plus brillante de la domination moghole, et celle où l’administration musulmane a eu le plus d’unité et de vigueur. La période de décadence a commencé avec le XVIIIe siècle, sous le règne de Shah-Allum, fils d’Aurengzeb, et la désorganisation qui suivit l’invasion de Nader-Shah laissa vacant par le fait le trône de l’Hindoustan, où l’Angleterre est venue s’asseoir. Elle a ramassé les débris et reconstruit l’édifice impérial sur des bases plus durables.

L’Inde britannique est divisée aujourd’hui en quatre grands gouvernemens, savoir : la présidence du Bengale ou Fort-William, celle de Madras ou fort Saint-George, celle de Bombay, et le gouvernement d’Agra ou des provinces de l’ouest (Western-Provinces). Ces quatre gouvernemens forment l’Inde continentale anglaise, régie par la Compagnie des Indes orientales, en vertu d’une charte particulière dont nous parlerons bientôt ; mais il faut leur ajouter, comme partie intégrante de l’empire hindo-britannique, le gouvernement de Ceylan, quoique cette grande île soit administrée directement par la couronne. Avant d’entrer dans l’examen de l’organisation politique, civile, militaire, et des ressources de cet empire, il convient de donner une idée de la forme du gouvernement qui le régit.

L’origine première de ce gouvernement est remarquable par le règne auquel elle se rattache, celui d’Élisabeth ; par la date de la charte d’incorporation de la première Compagnie des Indes, le 31 décembre 1600, et surtout par le contraste entre le point de départ, le commerce, et le point d’arrivée, l’empire !