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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 mai 1840.


La translation en France des restes mortels de Napoléon est résolue ; c’est là l’évènement du jour, l’évènement que toutes les opinions fidèles à notre monarchie ont salué avec la même émotion et avec la même reconnaissance pour le roi qui a voulu si noblement accomplir ce vœu national, et pour le cabinet qui s’est associé à la pensée du roi et l’a si habilement réalisée. Dieu soit loué ! il est donc toujours des pensées généreuses, de nobles résolutions qui peuvent remuer tous les cœurs et faire taire un instant nos dissentimens politiques et nos passions tracassières !

L’Angleterre a accueilli avec un empressement qui l’honore la demande de la France, et les franches et nobles paroles du gouvernement anglais sont un gage nouveau de cette ferme alliance qui assure, avec la paix du monde, la prospérité et la grandeur des deux nations.

Au milieu de l’émotion, de la satisfaction générale, nous n’avons pu apercevoir qu’une seule crainte, disons mieux, qu’un doute de quelques esprits timorés. Ils se demandaient si ces pieux et solennels devoirs rendus aux cendres du héros populaire, si l’enthousiasme si légitime qu’on réveille, si les grands souvenirs qu’on évoque ne pouvaient pas agiter les esprits, troubler quelques imaginations, offrir quelque prise à de coupables intrigues.

Le gouvernement n’a pas partagé ces scrupules et ces craintes. Il s’est abandonné, et nous l’en remercions, au bon sens du pays. Il ne s’est pas trompé ; car, pour répéter les belles et nobles paroles de M. de Rémusat, il y a une chose, une seule, qui ne redoute pas la comparaison avec la gloire : c’est la liberté.

Le moyen le plus sûr et le plus digne de faire rentrer dans le néant de vaines prétentions, c’est de montrer dans toute sa grandeur la gloire de celui qui, représentant inimitable d’une époque accomplie, ne peut avoir de successeurs.