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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 mai 1840.


Il n’est question dans ce moment que du vote de la chambre des députés pour les funérailles de Napoléon et des conséquences qui paraissent en résulter. La chambre et le ministère, la gauche et les conservateurs, ont été tour à tour en butte aux plus violentes attaques ; l’esprit de parti, toujours à l’affût d’une erreur, d’un malentendu, s’est emparé de ce vote comme d’une bonne fortune, et menacé qu’il était de voir la session s’achever dans un calme profond il a poussé des cris de joie en voyant tout à coup cette nouvelle pomme de discorde tomber au milieu de l’arène politique, et ranimer tant soit peu le zèle des combattans.

Cette nouvelle lutte ne peut être de longue durée. Elle n’a pas de cause sérieuse et proportionnée au bruit qu’on en fait.

Ce qui s’est passé à la chambre des députés n’est dû qu’à nos habitudes parlementaires et gouvernementales. Chambre et ministère, tout le monde doit se le reprocher dans une certaine mesure. Nous ne sommes pas étonnés de ce qui est arrivé, loin de là ; nous serions surpris si ces habitudes se perpétuant, elles ne produisaient pas un jour des résultats graves, des conséquences funestes.

Que devait faire la commission chargée du projet de loi pour la translation des cendres de l’empereur ? Rien que revenir dans les vingt-quatre heures devant la chambre encore tout émue, avec un rapport de vingt lignes, qui, par l’acceptation pure et simple de la proposition, aurait associé l’assemblée à la pensée du roi, au projet du gouvernement. C’était là pour la chambre la seule manière digne de témoigner sa reconnaissance au roi, son adhésion au cabinet, son respect, sa vénération pour la mémoire de l’empereur. En pareil cas, rien n’est plus déplacé que la rhétorique, rien n’est moins respectueux