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L’IRLANDE
SOCIALE, POLITIQUE ET RELIGIEUSE,
PAR M. GUSTAVE DE BEAUMONT.[1]

M. Gustave de Beaumont, dans la préface de son excellent livre, remarque, avec beaucoup de raison, qu’aucun pays plus que l’Irlande ne mérite l’attention du moraliste et de l’homme politique. Il n’est aucun pays, en effet, qui, pendant une durée non interrompue de sept siècles, ait, tantôt sous une forme, tantôt sous l’autre, subi une si constante, une si dure oppression. Il n’est aucun pays où la tyrannie ait produit des effets plus visibles, et, par une juste expiation, créé pour les tyrans plus d’embarras et de périls. Jusqu’ici pourtant la situation de l’Irlande n’avait point été complètement décrite, et la raison en est simple. L’Irlande, depuis le milieu du XVIIe siècle, est liée à l’Angleterre par ses institutions et ses lois, tandis qu’elle en est séparée par ses sentimens et ses mœurs. Pour se former une opinion saine et complète, il faut donc connaître à la fois les institutions et les lois de l’Angleterre, les mœurs et les sentimens de l’Irlande. Puis, il faut rapprocher les deux termes du problème, les comparer, et examiner si de cette comparaison ne sortirait pas l’explication toute naturelle de faits étranges dont, au premier abord, l’esprit ne peut se rendre compte. C’est là un travail très compliqué, très difficile, et que bien peu d’écrivains, dans le temps où nous vivons, auraient eu le courage d’entreprendre et la patience d’achever. On doit donc une

  1. vol. in-8o, librairie de Ch. Gosselin.