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MÉHÉMET-ALI.

APERÇU GÉNÉRAL SUR L’ÉGYPTE,
PAR CLOT-BEY.

Méhémet-Ali a beaucoup d’admirateurs en Europe. Je ne voudrais point cependant le juger d’après les éloges de ses panégyristes. Ils admirent surtout dans Méhémet-Ali l’homme qui a beaucoup emprunté à l’Europe ; j’admirerais plutôt, quant à moi, l’homme qui a beaucoup gardé de l’Orient. Ainsi j’entends dire partout que Méhémet-Ali a voulu créer un empire arabe ; c’est de cela qu’on le loue, et même M. Clot-Bey, un de ses derniers panégyristes, dans son Aperçu général de l’Égypte, trouve que, quoique le pacha ait beaucoup fait pour accomplir l’œuvre de l’empire arabe, il n’a pas cependant encore fait assez ; il aurait voulu que le pacha proclamât son indépendance absolue. « L’idée de la fondation d’un empire arabe n’est pas chimérique, dit M. Clot-Bey, comme l’ont prétendu quelques personnes. Cette idée, d’ailleurs, a la sanction de Napoléon, à défaut d’autres. » Et là-dessus M. Clot-Bey cite un passage des Mémoires de Sainte-Hélène où Napoléon dit que, si le pouvoir en Égypte eût été confié à un pacha qui, comme celui d’Albanie, se fût recruté dans le pays même, l’empire arabe, composé d’une nation tout-à-fait distincte, qui a son esprit, ses préjugés, son histoire et son langage à part, qui