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peut même puiser quelque secours dans l’adhésion d’un gouvernement régulier en Espagne. Les ports de la Péninsule sur la Méditerranée ne sont pas sans importance pour le cas d’une guerre maritime. Nous pouvons d’ailleurs inquiéter par-là la puissance anglaise dans le Portugal. L’importance que les Anglais attachent en ce moment à s’assurer de l’Espagne révèle assez quel intérêt la France doit y mettre de son côté. Certes il ne peut être question de porter atteinte à cette indépendance nationale qu’on se plaît à dire menacée par nous ; mais l’Espagne est notre voisine, notre vieille alliée, et son amitié est en quelque sorte notre bien.

Il y a des gens, nous le savons, qui conseillent à la France de s’allier avec les exaltés et Espartero. Cela est tout simplement impossible. On ne change pas en un jour les sympathies établies de longue main. Les exaltés sont le parti anglais ; les modérés sont le parti français ; il n’y a pas moyen de sortir de là. Que ce soit un bien, que ce soit un mal, c’est un fait. Tout Français qui vient en aide aux exaltés porte secours aux ennemis de la France, qu’il le veuille ou non. Nous pensons, nous, qu’il est bien que les rôles soient ainsi divisés, et que la France a la bonne part ; nous pensons qu’il est digne de notre société reconstituée, de notre monarchie nouvelle, de notre liberté légale, de donner la main à la société en travail, à la monarchie régénérée, à la liberté laborieuse de l’Espagne, pour les conduire dans les mêmes voies ; mais, enfin, il en serait autrement, que nous ferions encore des vœux pour ceux qui font des vœux pour la France.


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