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ÉCOLE DES BEAUX-ARTS.

pierre, à travers d’énormes caisses de bois empilées, des échafaudages, des flots de poussière, qu’ils sont parvenus, non sans peine, à se placer devant l’œuvre gigantesque de Michel-Ange. Plusieurs, sans doute, seront sortis sans avoir pu comprendre qu’une si magnifique avenue ne conduise depuis si long-temps qu’à des salles vides et à un hangard.

Il faut leur pardonner. Il est certain que le public a fort bien pu, sans être accusé d’une inexcusable précipitation, trouver un peu long le statu quo des travaux intérieurs de l’école. Nous ne pouvons que lui recommander la patience, c’est la plus indispensable des vertus en matière d’administration et de travaux publics. L’essentiel est qu’on arrive au but. Ainsi donc, sans entrer dans l’explication de ces lenteurs qu’on a coutume d’appeler nécessaires, parce qu’elles sont inévitables (ce qui, d’ailleurs, revient au même), nous préférons, pour satisfaire de quelque manière les plus impatiens, regarder comme réel ce qui n’est encore que possible, et comme fait accompli un simple programme. Et si cette excursion anticipée dans un musée fictif ressemble un peu à la description du festin imaginaire du conte arabe, nous prenons la liberté de certifier que tôt ou tard la curiosité de nos lecteurs sera, comme l’estomac du bon Barmécide, pleinement, réellement et confortablement satisfaite.

On sait que l’École des Beaux-Arts actuelle occupe en grande partie la place de l’ancien couvent des Petits-Augustins, dont le cloître et l’habitation ont depuis long-temps disparu. Leur église seule est encore debout. C’est sur ce même terrain que fut élevé à grands frais, puis dispersé au bout de peu d’années, le Musée des monumens français, dont il n’est plus resté que quelques informes débris. En 1820, l’enseignement des beaux-arts, jusque-là établi à l’Institut, fut transféré dans une partie des locaux laissés vacans par la suppression du Musée ; mais l’insuffisance et l’incommodité de ces bâtimens étaient telles, qu’on songea bientôt à y faire des réparations et des augmentations. Toutefois ces projets ne furent sérieusement pris en considération qu’en 1832, époque où l’on commença une reconstruction de l’école d’après les plans d’un habile architecte, M. Debret. En juin 1833, la fameuse loi relative à l’achèvement de tous les monumens publics vint de nouveau modifier cet état de choses ; un plan, en quelques parties nouveau, fut donc proposé par un autre architecte, M. Duban, et adopté par le gouvernement. L’exécution lui en fut immédiatement confiée, et elle est terminée depuis un an.

L’architecture est, plus que tout autre art, soumise à l’influence des