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À l’époque de la reconstruction de l’école, il existait depuis longtemps dans ses salles une collection de plâtres d’origine et de nature diverses. Cette collection se composait surtout de fragmens d’architecture antique moulés sur les originaux à Rome et en Grèce. C’était ce qu’on appelait la galerie d’architecture. Elle avait été léguée à l’école par le professeur Dufourny, qui l’avait formée à ses frais. On possédait aussi une réunion de modèles en relief, en plâtre, bois et liége, des principaux monumens de l’architecture égyptienne, grecque, romaine, etc., au nombre de près de cent. La plupart de ces modèles avaient été exécutés sous la direction de M. Cassas, voyageur et antiquaire distingué, à qui le gouvernement les acheta en 1814. On peut joindre à ces objets quelques centaines de fragmens de bas-reliefs, statues, bustes, etc., acquis par l’école à diverses époques.

L’ensemble de ces trois catégories de monumens formait déjà un noyau assez considérable ; mais l’état de délabrement et de ruine du local où ils étaient plutôt emmagasinés que classés les rendait presque inutiles aux études : ils se dégradaient d’ailleurs de jour en jour d’une manière plus rapide et plus menaçante.

La reconstruction de l’école mit en lumière ces richesses jusque-là si ignorées et si peu utilisées, et en fit sentir le prix. On commença dès ce moment à prévenir toutes dégradations et destructions ultérieures. L’agrandissement du local, devant dépasser de beaucoup désormais les besoins de l’enseignement, laissait de vastes emplacemens sans destination précise. Tant de belles salles ne pouvaient rester vides, et les plâtres qu’on possédait ne suffisaient pas à beaucoup près pour les remplir. Dès lors on songea à s’en procurer d’autres. Le but primitif de ces collections s’agrandit et changea de caractère ; elles furent considérées sous un point de vue plus large et soumises à un plan nouveau.

Jusque-là la collection avait été le fruit du hasard et du temps. Elle s’était formée comme par alluvion au moyen d’accroissemens successifs, lents et purement fortuits, sans suite, sans règle et sans but. Aussi offrait-elle une grande bigarrure, un mélange d’excellentes choses mêlées à beaucoup de mauvaises ou d’insignifiantes. Des plâtres venus de tous côtés et admis sans contrôle, des marbres presque méconnaissables, tristes débris de l’ancien Musée des monumens français, s’étaient successivement accumulés sans distinction d’époques, de sujets, de mérite. Il devint évident que cette collection confuse devait subir une réforme fondamentale. Le ministre de l’intérieur de cette époque (M. Thiers), dont l’esprit est grand à force