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ÉCOLE DES BEAUX-ARTS.

d’être juste, et qui aime presque autant et sait aussi bien les choses d’art et de goût que les affaires, conçut et arrêta les bases d’une nouvelle organisation qui, grace au concours des professeurs, de l’architecte et de tous ceux qui ont été appelés à y coopérer, est en pleine voie d’exécution.

D’abord le but de la collection fut changé, ou plutôt on lui en fit un, qui est celui-ci : représenter par des specimen choisis le développement chronologique et historique de l’architecture et de la sculpture depuis l’antiquité jusqu’à nous. Ce plan, comme on voit, embrasse l’art antique et l’art moderne. Il s’agit d’offrir sur une échelle suffisante, quoique dans un espace assez borné, tout ce que l’art a produit de plus excellent. La pensée de ce musée est donc essentiellement historique. Il s’agit de faire pour les œuvres de l’architecture et de la sculpture ce que la gravure fait pour celles de la peinture, sauf toutefois la différence du procédé de reproduction, qui, dans un cas, ne donne qu’une image à peine approximative du modèle, tandis que dans l’autre la reproduction par le moulage est positive, réelle et complète.

Cette glyptothèque de plâtres sera sans rivale en Europe. Venise, Rome, Milan, Munich, Londres, possèdent des collections de moulages ; mais aucune n’a été entreprise dans un but général et formée sur un plan méthodique : on n’y trouve guère que quelques statues destinées aux études. Aucune d’ailleurs n’a adopté les chefs-d’œuvre de l’art moderne ; car, par des raisons très connues et inutiles à rappeler, les productions antiques ont été les seules recueillies dans les musées et les écoles depuis trois siècles.

La disposition générale des nouveaux bâtimens favorise merveilleusement l’exécution de ce plan. Elle a permis de partager en deux grandes séries les monumens antiques et les monumens modernes, et de les isoler dans un local distinct et séparé. Les vastes galeries du palais qui occupent tout le rez-de-chaussée et quelques salles des étages supérieurs, recevront les modèles des écoles égyptienne, étrusque, grecque et romaine, subdivisées elles-mêmes en quelques grandes périodes chronologiques. Cette première section comprend toute l’antiquité classique à partir de l’Égypte jusqu’à l’époque byzantine. En-deçà commence le moyen-âge, et avec le moyen-âge l’art chrétien, l’art moderne.

L’école moderne a sa place toute faite dans l’église qui déjà, à une autre époque, a abrité les monumens français du musée Lenoir. Ce vaste vaisseau, dont l’architecture et les dimensions ont de l’analogie