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avec la chapelle Sixtine au Vatican, et sa jolie chapelle hexagone, offrent un emplacement suffisant. L’élégante façade, ornée des sculptures de J. Goujon, annonce convenablement les monumens contenus dans l’intérieur. Cette catégorie embrassera surtout la période de trois siècles, depuis le XIVe, rempli par les travaux de l’école pisane, première institutrice de l’Italie, jusqu’au XVIIe, où l’art dégénère et s’éteint. L’art moderne a eu, comme l’art antique, son époque classique ; seulement elle a été plus courte. Les ouvrages de cette brillante période seront presque seuls admis, et encore se bornera-t-on à ceux que la sentence infaillible du temps a consacrés. Plus près de nous, dans les XVIIe et XVIIIe siècles, il y a eu sans doute des artistes de génie, car aucun âge n’en a manqué, mais pas de grandes et originales écoles. Les artistes habiles survivent à l’art lui-même. Dans les époques tout-à-fait voisines de la nôtre, on ne pourra plus que glaner. Les monumens de ces temps auront encore pourtant quelque intérêt historique et moral. Ils représenteront une de ces périodes indécises où l’art, privé de direction générale et de spontanéité, ne vit plus que des souvenirs affaiblis des anciens modèles, et, chassé des temples et de la place publique, se réfugie dans les académies et les ateliers ; époques où il y a des peintres et plus de peinture, des sculpteurs et plus de sculpture, des architectes et plus d’architecture, des artistes enfin et plus d’art. Cette division, qu’on a pris soin de circonscrire dans des limites très étroites, conduira sans lacune jusqu’à nous cette histoire figurée de l’art.

On aura remarqué que ce plan ne s’applique qu’aux ouvrages de plastique. La peinture a dû en être exclue par des raisons péremptoires. On n’a en effet que deux manières de reproduire des tableaux, la gravure et les copies. Le premier moyen est insuffisant, défectueux et trop éloigné du but. L’école pourtant a une riche collection d’estampes que rien n’empêche d’augmenter, mais qu’il faudra surtout rendre plus accessible. Quant aux copies, l’expérience a dès long-temps prouvé que les meilleures ne valaient guère. Les bonnes copies sont peut-être plus rares que les bons originaux, surtout si on exige qu’elles rendent avec une véritable fidélité les qualités si délicates, si insaisissables, si profondément individuelles de l’exécution des grands peintres. Il n’y a donc que des maîtres qui puissent bien copier les maîtres ; or les maîtres, en quelque genre que ce soit, n’aiment guère à copier. Enfin, dans toute hypothèse possible, on sait qu’une copie ne saurait jamais tenir lieu de l’original ; la plus habile et la plus sincère n’est qu’une traduction, c’est-à-dire une imitation,