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Cependant la Grèce, après l’archontat d’Euclide, et l’Italie, vers la fin de la république, eurent des espèces d’affiches, non pour indiquer les fêtes solennelles ni les jeux qui faisaient partie du culte de l’état, mais pour annoncer les spectacles donnés par des entrepreneurs ou offerts par des particuliers, qui avaient un intérêt de gain ou de vanité à exciter vivement la curiosité publique.

Parmi ces affiches, il y en avait de peintes et il y en avait d’écrites.

Les affiches peintes étaient des tableaux encadrés dans un châssis[1] et exposés à la porte des théâtres. On en comptait de trois sortes[2]. Les premières n’étaient que la simple représentation d’un masque scénique, qui, posé sur un cippe[3] ou sur des gradins figurés[4], indiquait à la foule le genre de pièces, tragique, comique, satyrique ou mimique, qu’on se proposait de représenter. Les secondes offraient tous les masques d’une même pièce, réunis dans un seul cadre, en forme d’édicule, orné de colonnettes et surmonté d’un fronton[5]. On peut voir de curieux specimen de ces tableaux-affiches, à la tête de chacune des comédies de Térence, dans le beau manuscrit du IXe siècle que possède la Bibliothèque royale[6] et dans celui du Vatican[7]. La troisième espèce d’affiches peintes consistait en un tableau complet, où était retracée une des principales scènes du drame[8]. Les tabellœ comicœ de Calades, dont parle Pline[9], n’étaient, suivant quelques antiquaires, que des enseignes de ce genre[10]. Nous savons d’ailleurs, par Horace, que les éditeurs de spectacles et surtout les maîtres de gladiateurs exposaient à la porte de l’amphithéâtre un tableau représentant les divers combats qui devaient avoir lieu dans l’arène[11]. Le comte de À évaluerCaylus remarque encore, et avec raison, que l’usage de ces annonces pittoresques s’est conservé en Italie. On suspend, dès le matin, à la porte des petits

  1. Dans un bas-relief successivement publié par Gronovius, Bellori et Winckelmann (Monum. antich. ined., tom. I, tav. CXCII), on peut voir la forme d’un de ces châssis.
  2. Boettig., De persan. scen., pag. 228, not., ed. Sellig
  3. Ficor., Le masch. scen., tav. XXXVI.
  4. Le Pittur. antich. d’Ercol., tom. IV, pl. XXXI-XXXVIII.
  5. Cayl., Antiq., tom. V, pap. 245.
  6. Cod. Reg. Catal., n. 7899.
  7. Ces peintures ont été publiées en dernier lieu par Coquelinus (Rome, 1767, 2 vol. in-fol.). — Cf. M. Accii Plauti fragmenta inedita, item ad P. Terentium commentationes et picturœ ineditœ, inventore Angelo Maio. Mediol., 1815, in-8o.
  8. Le Pittur. antich. d’Ercol., tom. I, tav. IV, et tom. VI, tav. XXXIV. — Ces peintures et plusieurs autres, qui représentent des sujets dramatiques, sont indiquées un peu arbitrairement par Boettiger comme étant des tableaux-affiches.
  9. Plin., Hist. nat., lib. XXXV, cap. X, § 37.
  10. Mém. de l’Acad. des Inscript.,tom. xxv, pag. 182
  11. Horat., lib. II, sat. VII, v. 95, seqq.