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RAYMOND LULLE.

Ayant l’intention de donner une idée de la méthode inventée par Raymond Lulle, j’ai pris d’abord la précaution de ne pas laisser ignorer l’admiration qu’elle a excitée en Europe depuis le temps de saint Louis jusqu’au siècle de Descartes et de Pascal, afin que, si l’on s’étonnait de la puérilité de cette méthode, l’immense célébrité dont elle a joui pendant si long-temps me servît au moins d’excuse. Abordons la difficulté sans préambule, et prenons d’abord connaissance du tableau au moyen duquel Raymond Lulle compose ses recettes pour solliciter notre invention et faire manœuvrer les ressorts de notre intelligence :


LES NEUF
SUJETS.
LES NEUF
PRINCIPES
absolus.
LES NEUF
PRINCIPES
relatifs.
LES NEUF
QUESTIONS.
Dieu. Bonté. Différence. Si ?
Ange. Grandeur. Concordance. Qu’est-ce ?
Ciel. Durée. Contrariété. De quoi ?
Homme. Puissance. Principe. Pourquoi ?
Imaginatif Sagesse. Milieu. Combien grand ?
Sensitif. Volonté. Fin. Quel ?
Végétatif. Vertu. Majorité. Quand ?
Élémentatif. Vérité. Égalité. Où ?
Instrumentatif. Gloire. Minorité. Comment et avec quoi ?


La combinaison, l’ordre et l’usage de ce tableau rappellent ceux de la table de multiplication attribuée à Pythagore. Ce que le philosophe de l’antiquité fit pour régler mathématiquement la supputation des nombres, Raymond Lulle l’a tenté dans le but de fixer la marche du raisonnement et la combinaison logique des idées que l’homme perçoit ou imagine ; mais le tableau ci-joint n’est, à proprement parler, qu’une indication mnémonique, revêtue d’une apparence scientifique, au moyen de laquelle les connaissances natu-