Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 24.djvu/588

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
584
REVUE DES DEUX MONDES.

partout, à Lucena, à Baena, à Cabra, à Priego, à Montilla, il fut reçu comme un sauveur. Il put croire un moment qu’il lui serait possible de s’établir dans le pays et de s’y maintenir, mais cette illusion ne devait pas durer long-temps. Un formidable orage se formait contre lui et ne tarda pas à éclater. Alaix avait enfin passé la Sierra-Morena et s’était établi avec toutes ses forces à Jaen ; Quiroga, capitaine-général de Grenade, réunissait d’autres forces à Castro del Rio ; Espinosa, capitaine-général de Séville, s’était avancé jusqu’à Carmona avec quatre mille hommes ; Butron, gouverneur de Cadix, accourait de son côté, et des troupes étaient dirigées sur l’Andalousie du fond de l’Estramadure ; Rodil lui-même s’était décidé à se mettre en mouvement et occupait tous les passages de la Sierra-Morena. De toutes parts, les gardes nationales mobilisées recevaient l’ordre de marcher, et les populations constitutionnelles se levaient en masse contre les factieux. À mesure que le bruit de ces préparatifs se répandait, l’enthousiasme des villes soulevées diminuait à vue d’œil et fut bientôt réduit à rien. Il devint évident qu’il serait impossible de tenir long-temps dans Cordoue, ville de cinquante mille ames, qui n’était défendue que par de vieilles murailles mauresques. Pour comble d’embarras, les chefs valenciens et aragonais, Cabrera surtout et el Serrador, demandaient à grands cris à rentrer dans leur pays, disant qu’il n’y avait rien à faire en Andalousie, et que l’ennemi détruisait pendant ce temps les établissemens qu’ils avaient formés dans d’autres provinces.

Nous voici parvenus au terme de la seconde période de l’expédition. Cette période a été la plus importante ; elle a duré deux mois comme la première, et n’a pas mieux réussi en ce sens que Gomez ne parvint pas plus à son but en Andalousie que dans les Asturies, mais elle a eu beaucoup plus d’éclat et de retentissement. Gomez y décrivit un immense arc de cercle d’un bout de la Péninsule à l’autre, et attira sur lui l’attention du monde entier.

Une course en Estramadure forme à elle seule la troisième partie ; ce n’est en quelque sorte qu’un épisode, mais plein de hardiesse et d’intérêt. Quand on crut toutes les mesures bien prises pour entourer Gomez, Alaix marcha sur Cordoue à la tête de forces supérieures dans la nuit du 13 au 14 octobre. Gomez l’évacua la même nuit, et, pendant qu’on se flattait de l’espoir de lui fermer toutes les issues il remonta comme un trait vers le nord, repassa la Sierra-Morena sur un point où il n’était pas attendu, descendit les contreforts de cette chaîne, tomba à l’improviste sur Almaden qu’il prit en passant, con-