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EXPÉDITION DE GOMEZ.

toutes les portes à l’armée carliste ; ceux qui voulurent résister se retirèrent dans trois forts, qui furent immédiatement assiégés par la division de Valence. Gomez leur fit d’abord offrir une capitulation honorable ; ils répondirent que les défenseurs d’Isabelle II mourraient plutôt que de céder. Le lendemain, serrés de près par les assiégeans, ils firent dire qu’ils acceptaient les conditions de la veille ; il leur fut répondu que les défenseurs des droits sacrés de la légitimité ne renouvelaient jamais des propositions qui avaient été refusées, et qu’ils eussent à se rendre à discrétion, s’ils ne voulaient pas être passés par les armes. Ils se rendirent en effet au nombre de deux mille huit cents hommes, parmi lesquels deux colonels et huit lieutenans-colonels.

Gomez s’occupa aussitôt d’organiser sa victoire. Il nomma une junte de gouvernement sous la présidence du doyen de la cathédrale, envoya des proclamations dans les environs, donna des armes à des chefs de partisans, créa des bataillons de volontaires, et fit enfin tout ce qui était en lui pour faire de Cordoue le centre d’un mouvement en faveur de don Carlos. Il veilla avec soin à ce qu’aucune exaction n’eût lieu qui pût lui aliéner les habitans. Toutes les personnes et toutes les propriétés furent respectées.

La prise de Cordoue fut suivie du soulèvement des principales villes environnantes. Tout le beau pays connu sous le nom de la Campine, si célèbre par les guerres contre les Maures, brisa la pierre de la constitution et proclama Charles V. La ville de Malaga, qui avait eu aussi sa sanglante émeute à la suite de celle de la Granja, et qui avait établi dans son sein une sorte de gouvernement indépendant, envoya contre les villes de la Campine une colonne de volontaires nationaux commandés par le chef des révolutionnaires du pays, nommé Escalante. Mais les héros des émeutes n’étaient pas décidément heureux contre les soldats de la légitimité. Escalante fut honteusement mis en déroute à Buena par un détachement des troupes de Gomez, et poursuivi l’épée dans les reins jusqu’à quatre lieues du champ de bataille. La terreur qui se répandit à Malaga à la suite de cette affaire fut telle que les membres de la junte, oubliant leurs manifestes patriotiques et leurs sermens de vivre ou de mourir pour la révolution, s’embarquèrent au plus vite pour Gibraltar. Il en arriva de même à Séville : l’audience, ou cour royale, quitta la ville, où l’on s’attendait à tout moment à voir arriver l’ennemi.

Gomez paraissait enfin près d’atteindre le but qu’il avait en vain cherché jusque-là. Lui-même parcourut les villes de la Campine, et