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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 novembre 1840.


Une nouvelle pièce diplomatique vient de paraître. Lord Palmerston a voulu répondre à la note française du 8 octobre. Une première remarque nous frappe en lisant ce nouvel échantillon de la logique du Foreign-Office. Quel rôle jouent donc dans cette malheureuse affaire l’Autriche, la Prusse, la Russie ? En signant le traité du 15 juillet, elles ont donc perdu la parole ! Le noble lord est décidément l’orateur de l’alliance. Il a seul le droit d’ouvrir la bouche ; il y a plus : seul il a le droit de tirer des coups de canon et de jeter des soldats en Syrie.

Il est difficile de prendre pour une participation sérieuse la présence d’une frégate autrichienne au milieu de la flotte anglaise. Cela rappelle un enfant voulant, lui aussi, conduire la voiture. On lui permet, pour l’apaiser, de s’asseoir à côté du cocher et de saisir le dernier bout des rênes que son habile voisin tient dans ses mains et gouverne.

L’empereur de Russie abhorret à sanguine. Il n’a pas fait paraître un soldat dans toute cette affaire. Il réserve toutes ses forces pour réprimer dans l’Asie mineure une invasion qui ne peut avoir lieu.

À Berlin, on donne son adhésion aux énormités de lord Palmerston, et on fait des vœux pour la paix ; on voudrait même pouvoir faire quelque chose de plus que des vœux, mais on n’ose.

Au fait, lord Palmerston a quelque droit d’être fier. Pitt, pour avoir des alliés, leur donnait beaucoup d’or, leur laissait le premier rôle, et leur montrait en perspective de magnifiques provinces à conquérir ou à recouvrer. Lord Palmerston, sans rien dépenser, fait jouer à l’empereur Nicolas un rôle étrange pour un descendant de Pierre-le-Grand et de Catherine et à la Prusse et à l’Autriche un rôle subalterne. On dirait une alliance de l’Autriche avec la du-