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LE MAROC
ET
LA QUESTION D’ALGER.

§ I. — CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.

La question d’Alger ne peut se restreindre dans les limites de nos possessions africaines. Près d’elles, un grand empire soumis à l’islamisme s’étend du détroit de Gibraltar jusqu’au désert, et compte plus de six millions d’habitans. C’est le Maroc, dont le sol fertile livre à une culture très imparfaite une richesse agricole à peine sollicitée, et dont la côte, baignée par les deux mers, semée de cités antiques et commerçantes, porte encore l’empreinte historique des Romains, des Carthaginois, des Maures, des Portugais et des Espagnols. Là s’élève cette ville célèbre dans le moyen-âge, Fez, que le voyageur Clénard appelle la Lutèce de l’Afrique, et dont Jean Léon a laissé une description merveilleuse. Rendez-vous sacré des musulmans à l’époque où le pèlerinage de la Mecque était interrompu, devenue alors la seconde ville de l’islamisme et le dernier refuge de la civilisation arabe, elle est encore aujourd’hui populeuse, riche, éclairée, indus-