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en qui la nation a la plus grande confiance, M. Rochussen. Guillaume II est né le 6 décembre 1792. Il fit ses premières études à l’académie de Berlin, et les acheva à l’université d’Oxford. Jeune encore, il entra avec ardeur dans le mouvement des guerres de l’empire, qui emportaient dans leur tourbillon les princes comme les enfans du peuple. En 1811, il servait en Espagne sous les ordres du duc de Wellington, et se distingua en plusieurs occasions par sa bravoure. Au siége de Ciudad-Rodrigo, on le vit l’un des premiers s’élancer à l’assaut. À Badajoz, il arrêta par son énergie une colonne anglaise qui commençait à prendre la fuite, et, se mettant à sa tête, entra avec elle dans la ville. À la suite de cette campagne, le roi d’Angleterre le nomma son adjudant, et lui donna, comme récompense de son courage, la médaille militaire sur lesquelles étaient inscrits les noms de Ciudad-Rodrigo, Badajoz, Salamanque. En 1815, il était à la bataille de Waterloo, à la tête d’un corps de troupes hollandais, et reçut dans une vigoureuse attaque un coup de feu à l’épaule. Un an après, il épousa la sœur de l’empereur Alexandre. Depuis ce temps, sa vie se passa paisiblement dans l’exercice des fonctions que son père lui confiait, jusqu’au jour où il reprit les armes pour entrer en Belgique. Il porte sur le trône un esprit intelligent et actif, il a le goût des arts et des lettres, que son père, à vrai dire, encourageait peu, et il plaît beaucoup aux Hollandais par ses manières gracieuses, ses dehors brillans, son affabilité et par le prestige attaché à sa vie militaire. Quand il été proclamé roi, quand il est monté sur le trône, on a dit qu’il se proposait aussi de reconquérir la Belgique. C’est là une de ces erreurs dont nos journaux ne se rendent que trop souvent coupables sur la foi d’un correspondant mal avisé. Guillaume II a sous les yeux un exemple trop frappant des dangers d’une pareille entreprise pour qu’il puisse songer à la renouveler. Tout ce qu’il a fait jusqu’à présent, tout ce qu’il a dit et annoncé, prouve au contraire qu’il comprend très bien les vrais intérêts de la Hollande et ne songe qu’à la dégrever peu à peu des charges énormes qu’elle supporte depuis si long-temps. La Hollande ne peut vouloir la guerre pas plus avec la Belgique qu’avec les autres puissances. Le temps n’est plus où elle pouvait mettre aussi son épée dans la balance, et faire payer ses armemens à ses rivaux. En cas de guerre, elle ne serait que la victime ou l’instrument des grandes puissances ; elle courrait risque de perdre ses colonies, qui sont à présent sa première, pour ne pas dire son unique