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curiosité, que par le désir réel d’étudier son opinion. Il ébranle, par la vivacité de ses attaques, la fibre hollandaise, étonne périodiquement pendant quelques minutes l’esprit de ses lecteurs, et, après tout, exerce peu d’influence. Les grands journaux du pays sont le Handelblad (Feuille du Commerce), l’Avondbode (Messager du soir) d’Amsterdam, et le Journal de Harlem. Je ne parle pas de la Gazette d’Amsterdam, de la Gazette Officielle et de quelques autres qui n’ont nulle valeur politique.

Le Handelsblad, fondé il y a dix ans par une société de négocians, a de l’autorité dans le pays. Il est, en général, bien informé et rédigé avec mesure et fermeté. C’est l’organe d’une opposition libérale qui demande le développement progressif des principes constitutionnels, et défend avec zèle les intérêts matériels du pays. Ce journal se trouve dans tous les clubs, tous les lieux de réunion de la capitale et des provinces de la Hollande. Il a quatre mille abonnés.

L’Avondbode, rédigé par un écrivain distingué, M. Withuys[1], représente purement et simplement le principe conservateur. Il fut fondé en 1836, et compte environ deux mille abonnés.

Ces deux journaux paraissent le soir et publient chaque jour, après la bourse, une seconde édition du numéro de la veille. L’été ils reçoivent les nouvelles de France par les pigeons. Les nouvelles extérieures, et surtout les annonces commerciales, envahissent la plus grande partie de leurs colonnes. Il est rare que le Handelsblad puisse consacrer plus d’une page ou une page et demie à la politique ; tout le reste de la feuille est pris par le détail des marchandises à vendre, des départs de navires et des arrivages.

Le Journal de Harlem (Haarlemsche Courant) ne fait point de polémique, mais il a toujours de très bons correspondans en pays étrangers, et deux de ses colonnes sont, comme les registres de l’état civil, employées chaque jour à enregistrer les morts et les naissances, les fiançailles et les mariages, avec la différence qu’ici l’annonce de tous ces évènemens de la vie humaine n’est point inscrite sèchement, comme à la municipalité, mais combinée avec soin, arrangée avec grace, et très galamment entourée de fleurs de rhétorique. Moyennant six sous par ligne, tout bon bourgeois a le droit de chanter, dans le Journal de Harlem, l’aurore de son jour de mariage, d’an-

  1. M. Withuys a publié, en 1833, un recueil de poésies fort estimé et dont nous aurons occasion de parler quand nous en viendrons à examiner l’état de la littérature en Hollande.