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POLITIQUE EXTÉRIEURE.

rieur Cortina, parfaitement comprise par le chef politique ou préfet, M. Iznardi, a été plutôt un encouragement qu’un obstacle pour les assommeurs. Les dernières nouvelles annoncent que des soldats de compagnies franches s’étaient postés à une des portes de la ville, que là ils dépouillaient les passans de leurs manteaux et de leurs bourses, et qu’ils parcouraient ensuite la ville après boire en criant : Vive la liberté ! à bas les écrevisses ! On devine sans peine que cette épithète populaire s’applique aux modérés.

À Pruna, dans la province de Séville, des désordres analogues se sont produits. Le scrutin avait à peine commencé, avec toutes les formalités voulues par la loi de 1812, que les exaltés, prévoyant qu’ils ne seraient pas les plus nombreux, ont parcouru les rues en poussant des cris et en tirant des coups de fusil en l’air. Sur ce l’alcade, tumultueusement élu en septembre dernier lors du pronunciamiento, assemble la garde nationale, déclare que la tranquillité publique est compromise, suspend l’élection, et fait arrêter ou exiler les électeurs influens du parti modéré. Comme dans la singulière organisation donnée au pays les vainqueurs se sont placés partout, l’autorité supérieure de Séville a approuvé la conduite de l’alcade de Pruna.

À Gavia, dans la province de Grenade, la nouvelle municipalité n’ayant pas été du goût des meneurs de la capitale, on l’a révoquée, quoique les élus eussent eu 132 voix contre 8.

À Motril, les coryphées du parti exalté sollicitaient les voix des électeurs de la petite ville de Gualenos. Sur le refus de ces derniers, arrêté municipal de l’alcade de Motril portant défense d’admettre au marché de la ville les denrées apportées par les habitans de Gualenos.

On sait quelle a été l’indifférence générale de la population pour des élections ainsi viciées dans leur principe. À Madrid, sur quarante mille électeurs, trois cent trente-sept seulement ont pris part au vote. À Vich, ville importante de la Catalogne, on a renchéri encore sur Madrid. Aucun électeur ne s’est présenté pour constituer le bureau qui devait présider à l’élection du député au conseil provincial. Force a donc été à l’alcade, président du bureau provisoire, de se constituer à lui seul en bureau définitif. C’est sous les auspices de semblables garanties qu’on s’apprête à consulter l’opinion du pays par des élections générales aux cortès.

Si de la liberté électorale à l’usage des patriotes espagnols nous passons à d’autres ordres de faits, voici ce que nous trouvons. Un des grands crimes reprochés aux modérés avait été la destitution de quel-