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RÉVOLUTIONNAIRES ANGLAIS.

alors dans sa bibliothèque, à Westminster, les métaphysiciens et les légistes de l’époque, Selden, Camden, Coke, Noy, Stowe, Spelman, Philips, Mallory, Digges, Usher, Holland, Carew, Fleetwood, Hakewell. C’étaient les chefs de cette opposition d’abord légale, puis violente, qui changea, quoi qu’on ait pu dire, toute la constitution de l’Angleterre, et qui fit fleurir les germes populaires en étouffant le développement futur des principes monarchiques. Pym se joignit modestement à ces grands noms, les uns, comme Spelman, Coke et Noy, célèbres par la connaissance approfondie des lois nationales, les autres, comme Selden, Camden et Cotton, par une vaste et spirituelle érudition.

Pym, sous leur direction, marcha au combat. Les gens de cour, profitant de la faiblesse et de l’avarice du roi, lui extorquaient des patentes de monopoles, c’est-à-dire le droit de rançonner les citoyens en leur vendant de mauvais produits le plus cher possible. Buckingham et toute sa famille étaient engagés dans ces effroyables brigandages. Il n’y avait qu’un cri dans tout le peuple contre les auteurs de ces extorsions que personne n’osait attaquer ; Pym s’en chargea. C’était frapper juste et attaquer l’iniquité évidente, reconnue, généralement sentie, celle qui pesait sur tous, et dont tous se plaignaient. Cependant, très jeune encore et homme de plaisir, il marchait plutôt avec ses collègues qu’il ne cherchait à les diriger. Nul métier n’exige plus impérieusement un apprentissage que le métier d’homme politique. Déjà on le distinguait, dit le chroniqueur Wood, comme « un personnage très disert, d’une langue facile et d’une grande érudition légale[1]. » Mais les Selden et les Camden étaient auprès de lui, et il avait le bon sens de ne pas précipiter son ambition. On le voyait paraître dans les occasions qui mettaient en jeu la passion populaire, favoriser le protestantisme, manifester une vive exaltation, appuyer tous les votes pour les protestans, toutes les accusations et toutes les iniquités contre les catholiques ; attirer la haine sur les grands prélats qui étaient odieux au public, et consolider par là son crédit. Grand art, de ne point sembler prétendre à la direction des affaires, et de la conquérir cependant en s’associant aux haines dominantes !

Il commence ainsi doucement, de 1621 à 1625, déjà remarqué par la sagacité craintive de Jacques, qui l’appelait un « homme de fort mauvais caractère ; » victorieux dans la question des monopoles,

  1. Ath. Ox. III, 73.