Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 26.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
Séparateur



31 mars 1841.


La chambre des pairs est tout occupée, depuis huit jours, du projet de loi sur les fortifications de Paris. La presse quotidienne a assez fait connaître et les noms des nombreux orateurs qui se sont succédés à la tribune, et la valeur relative de leurs discours. Nous n’y reviendrons pas.

Si la discussion a paru plus d’une fois se traîner terre à terre, elle s’est, en revanche, élevée à plusieurs reprises aux plus hautes considérations, et sous le point de vue politique, et sous le point de vue militaire.

Sans vouloir rentrer ici dans le fond d’une question que nous avons si souvent examinée et qui nous paraît désormais épuisée pour tout le monde, nous ne pouvons pas ne pas faire remarquer l’insistance, souvent habile, des opposans sur trois argumens en particulier.

Les fortifications de Paris sont l’œuvre du ministère du 1er mars.

Les fortifications de Paris sont destinées à nous rassurer contre des craintes chimériques. Paris ne peut être attaqué que par une grande coalition ; les coalitions sont désormais impossibles.

Cette garantie inutile contre un danger imaginaire nous coûterait des sommes énormes ; c’est une dépense folle qui portera le trouble dans nos finances, et appauvrira les sources de la prospérité nationale.

La combinaison de ces trois argumens est ingénieuse.

Par le premier, on a essayé de mettre en branle les passions politiques de l’assemblée.

Le second était destiné à calmer les alarmes du sentiment national.

Avec le troisième, on essayait de gagner les suffrages des promoteurs ardens, et nombreux aujourd’hui, des intérêts matériels.

La discussion nous paraît avoir fait justice de ces trois argumens, et d’ailleurs la réflexion pouvait facilement suppléer aux lacunes de la délibération.

L’amour du combat, l’envie de vaincre peut seul expliquer l’insistance qu’on a mise à présenter le projet comme étant exclusivement l’œuvre du