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DE LA PUISSANCE ANGLAISE DANS L’INDE ET EN CHINE.

été donnés pour que les bâtimens anglais fussent respectés. » Linn avait été disgracié et sa conduite soumise à une enquête rigoureuse. Le haut commissaire impérial Ké-shen avait fait son entrée solennelle à Canton le 29 novembre, et les négociations s’étaient ouvertes presque aussitôt. On parlait d’offres d’indemnité qui auraient été rejetées par le capitaine Elliot, comme insuffisantes. L’amiral Elliot, à qui sa santé, altérée subitement, ne permettait plus de prendre une part active aux négociations ou aux opérations navales avait remis le commandement de l’escadre au commodore sir Gordon Bremer, et s’était embarqué pour l’Europe.

L’escadre de blocus devant l’embouchure de la rivière de Canton comptait dix-huit bâtimens de guerre ou steamers[1]. La division devant Ting-haé était forte de sept bâtimens. La garnison continuait à souffrir beaucoup par les maladies ; cependant les dernières lettres reçues annonçaient une amélioration dans l’état sanitaire des troupes, et mentionnaient positivement que les provisions étaient plus abondantes ; la confiance des populations renaissait par degrés, et les habitans rentraient dans la ville. L’amiral Elliot avait fait fortifier l’île, ce qui indiquait qu’on avait l’intention de s’y établir pour long-temps. On attendait à Chusan sir Hugh Gough, envoyé de Madras sur le Cruizer, pour prendre le commandement à la place du brigadier Burrell.

Les frais de l’expédition de Chine sont payés par le gouvernement de la reine. La compagnie paraît avoir supporté provisoirement une partie de ces frais ; mais elle a reçu l’assurance positive que ses avances lui seraient remboursées, et qu’aucune portion de la dépense ne resterait à sa charge.

Tel est le résumé exact de ce que l’on connaît jusqu’à ce jour des affaires de Chine.

À en croire les journaux de Calcutta et de Bombay, particulièrement ces derniers, les conditions offertes par l’amiral et le surintendant Elliot, ou consenties par eux, seraient défavorables aux véritables intérêts de l’Angleterre, et honteuses pour son gouvernement. En admettant que le traité doive en effet reposer sur les bases énoncées

  1. Le blocus de la rivière de Canton avait été peu strict jusqu’au retour de l’escadre de l’amiral Elliot, probablement pour laisser le temps au commerce anglais d’exporter de Chine un grand approvisionnement de thés. De juillet 1839 à la fin de juin 1840, on a calculé qu’il a dû être exporté environ quinze millions de kilog. de thé, qui rapporteront à l’Échiquier plus de 90 millions de francs. La livraison des thés de 1840 a dû être complétée vers le mois d’octobre dernier.