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L’ÉCOSSE.

53 députés presque tous d’opinion whig modérée, étant plus complet que par le passé.

« Les Écossais, disait Johnson, acquièrent presque tous une médiocrité de connaissances qui tient le milieu entre le savoir et l’ignorance et qui est très convenable dans la conduite ordinaire de la vie. Ces connaissances, le sentiment de l’émulation raisonnablement développé, et quelque chose d’entreprenant dans le caractère, les conduisent rapidement à la fortune et aux honneurs. » Les Écossais n’ont pas changé sous ce rapport depuis Johnson. Leurs députés aux communes se créent la plupart une grande influence. L’un des membres pour Édimbourg, M. James Abercromby, est président de la chambre (speaker), et siége sur le sac de laine ; un bon nombre des premiers emplois de l’état sont occupés par des Écossais ; en un mot, l’Écosse, qui, d’après l’acte d’union de 1707, n’est taxée pour l’impôt territorial qu’à la quarantième partie de ce que paie l’Angleterre, exerce au parlement, par ses 16 pairs et ses 53 députés, le huitième du pouvoir législatif, et prend peut-être le douzième des hauts emplois de l’administration.

L’Écosse, en s’appuyant sur l’Angleterre comme le lierre sur le chêne, se nourrit en partie de la sève de son robuste soutien, Elle s’est soumise, il est vrai, aux lois anglaises concernant les douanes, les accises et le commerce, mais ces lois lui ont été plus profitables que nuisibles ; elles ont établi les choses sur un pied d’égalité et d’équité qui n’existait pas auparavant. Quels que soient les droits que l’industrie et le commerce ont eu à payer, ils sont loin d’être aussi onéreux qu’une prohibition absolue.

L’Angleterre elle-même croyait si bien que l’union allait porter un notable préjudice à la prospérité de l’Écosse, qu’elle lui laissa un certain nombre d’avantages comme dédommagement. L’Écosse garda, par exemple, ses lois municipales, common laws, ses priviléges universitaires, son amirauté, ses tribunaux, et une législation particulière. Elle conserva sa cour de session, composée de quatorze membres, lords of session, jugeant en dernier ressort toutes les affaires civiles, sauf appel devant les pairs. D’un autre côté, le jury fut établi sur des bases différentes ; ses jugemens ne s’appliquèrent qu’au criminel, et la simple majorité fut suffisante pour condamner ou pour absoudre. Si l’unanimité, exigée en Angleterre pour condamner, est trop favorable à l’accusé, en Écosse cette simple majorité lui est beaucoup trop défavorable. L’Écosse conserva en outre certaines superfluités honorifiques dont elle se serait fort bien passée, car