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ANCIENS
POÈTES FRANCAIS.

JEAN BERTAUT.

M. de Saci, le traducteur de la Bible et le saint confesseur, avait coutume de dire que les anges, quand ils sont une fois entrés dans un sentiment et qu’ils ont proféré une parole, la répètent durant l’éternité ; elle devient à l’instant leur fonction, leur œuvre et leur pensée immuable. Les saints ici-bas sont un peu de même. Chez la plupart des hommes, au contraire, les paroles passent, et les mouvemens varient. Entendons-nous bien pourtant ; c’est au moral qu’il est difficile et rare de rester fixe et de se répéter ; dans l’ordre des idées, c’est trop commun. Le monde se trouve tout rempli, à défaut d’anges, d’honnêtes gens qui se répètent ; une fois arrivé à un certain point, on tourne dans son cercle, on vit sur son fonds, pour ne pas dire sur son fumier.

Ainsi ai-je tout l’air de faire à propos du XVIe siècle ; je n’en sortirai pas. J’en prends donc mon parti, c’est le mieux, et j’enfonce, heureux si je retrouve quelque nouveauté en creusant.

Plus d’une circonstance incidemment, et presque involontairement, m’y ramène. Ayant reparlé par occasion de Du Bellay[1], il est na-

  1. Revue des Deux Mondes, no du 15 octobre 1840.