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REVUE LITTÉRAIRE DE L’ALLEMAGNE.


Historisches Taschenbuch (Manuel historique). — Il y a en Allemagne un grand nombre de publications périodiques qui renferment chaque année dans un cadre spécial des dissertations sur l’art, sur la science, sur la littérature, trop restreintes pour former un ouvrage à part, et trop développées cependant pour pouvoir se plier convenablement aux dimensions d’un journal. Dans un pays comme l’Allemagne, où tout se classe systématiquement, où tout ce qui est du ressort de l’imprimerie va sans cesse en augmentant et arrive bien vite à l’état de série, le Taschenbuch, que nous traduisons par Manuel, et qui, littéralement, signifie livre de poche, le Taschenbuch forme une littérature à part, une littérature étendue et variée, plus sérieuse et souvent plus durable que sa modeste apparence ne pourrait le faire supposer, une littérature enfin qu’il faut nécessairement étudier si l’on veut suivre dans toutes ses tentatives et ses manifestations le mouvement intellectuel de l’Allemagne. Ainsi les poètes dramatiques ont leur Taschenbuch où ils rassemblent chaque année quelques pièces inédites. Les généalogistes, les poètes, les érudits, ont aussi le leur, et Menzel a long-temps publié sous cette forme, à des époques régulières, le résumé des évènemens politiques du monde entier. De tous ces livres périodiques qui, vers la fin de l’année, partent à jour fixe du nord ou du sud de l’Allemagne, et que l’on compte parmi les joies de la Weihnacht, l’un des plus estimés est le Manuel historique qui se publie à Leipzig, sous la direction de l’auteur des Hohenstaufen, M. F. de Raumer. Ce livre est pour tous ceux qui s’intéressent aux investigations de l’historien un ami que l’on aime à voir revenir à une époque déterminée ; car, chaque fois qu’il revient, il apporte à ses lecteurs quelque récit curieux des anciens temps. Il date déjà de douze ans, et en douze ans que de traditions n’a-t-il pas racontées ! que de remarques savantes n’a-t-il pas communiquées au public ! Quelques-uns des historiens les plus distingués de l’Allemagne, Léo, Loebell, Foerster, Wilken, Wachsmuth, Varnhagen, sont au nombre de ses collaborateurs. Nous regrettons de ne pas y voir le nom de M. Ranke, qui désormais en Allemagne doit figurer partout où l’on élèvera une tribune à l’histoire. Nous croyons aussi que les éditeurs ajouteraient beaucoup au mérite de leur Manuel, s’ils pouvaient de temps à autre y faire entrer une dissertation de Grimm, de Hammer, de Savigny, ou de quelques autres écrivains de leur école. En attendant ce qui doit se faire pour le complément de ce recueil, nous louons sincèrement ce qui s’est déjà fait.

Le volume qui vient de paraître est digne de ceux qui l’ont précédé. Il renferme une histoire très curieuse des associations de pirates qui succédèrent aux viking scandinaves et firent pendant long-temps la désolation des villes anséatiques, une dissertation un peu abstraite et confuse, mais assez solennelle en certains endroits, sur les rapports de l’art et de la poésie, une autre sur la diplomatie italienne aux XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles, et enfin un travail remarquable de M. Sotzmann sur Guttenberg.

Le commencement de ce travail offre quelques détails curieux sur l’état de