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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 mai 1841.


La discussion du budget de la guerre a fait naître à la chambre des députés un de ces débats aussi fâcheux qu’inutiles qui caractérisent notre politique toute de personnalités, et de haines. Le ministère du 1er mars avait organisé dans l’infanterie douze régimens nouveaux. Le cabinet du 29 octobre avait adopté et consacré cette mesure, lorsqu’au lieu de dissoudre ces régimens, il avait demandé aux chambres les fonds nécessaires pour 1840 et 1841, et porté la dépense des nouveaux cadres dans le budget de 1842. La commission de la chambre des députés fait des critiques et n’amende pas ; elle maintient la mesure sans l’approuver ; elle dispense avec une égale largesse le blâme et l’argent. Elle dit aux états-majors des régimens nouveaux : Voilà votre solde ; mais vous n’en êtes pas moins une superfétation dans l’armée, une charge inutile pour le pays, une fantaisie de M. Thiers. — La question une fois portée devant la chambre, on pousse les choses plus loin. La mesure n’est pas seulement inutile, mauvaise ; elle est inconstitutionnelle, elle blesse les prérogatives de la chambre. Le gouvernement ne pouvait pas organiser des régimens nouveaux sans une loi ; organiser et demander ensuite les fonds nécessaires, c’est enlever à la chambre la liberté de son vote, car, dit-on, elle n’ose pas détruire brusquement un fait accompli, anéantir des existences qui paraissaient assurées.

Au milieu de ces débats, nous aurions désiré voir le cabinet du 29 octobre se présenter à la tribune avec cette parole haute et ferme que M. le président du conseil a su trouver pour répondre à M. Lherbette. Nous l’aurions désiré dans l’intérêt de la chose publique, ainsi que dans l’intérêt de son propre avenir et de sa dignité.

Il appartenait, avant tout, au ministère de démontrer qu’en organisant des régimens nouveaux, le gouvernement n’empiète nullement sur le domaine de la législature.