erreurs qu’il n’est pas toujours en leur pouvoir d’éviter, et cela pour accorder à certaines personnes des faveurs exorbitantes.
Il est absurde d’entraver le mouvement des capitaux et de les détourner du sol français par les dangers qui accompagnent chez nous les prêts hypothécaires. On se plaint de l’état de l’agriculture dans plusieurs de nos départemens : on dit que l’usure dévore nos campagnes ; on remarque que les possesseurs de grands domaines ne demandent pas mieux que de les morceler et de les vendre en détail. Je le crois bien. Comment l’agriculture se relèverait-elle de son abaissement sans capitaux, sans capitaux prêtés à des conditions honnêtes, à bas intérêt ? Et comment trouver ces capitaux, si elle ne peut pas offrir aux prêteurs un gage qui les rassure ?
Les hommes imprévoyans se résignent aux exigences ruineuses de l’usure, de l’usure qui cherche dans les conditions du contrat la compensation des risques qu’on lui fait courir.
Les hommes mieux avisés morcellent et vendent en détail le domaine dont, faute de capitaux, ils ne peuvent pas tirer bon parti. En le morcelant, ils le vendent à des travailleurs qui, par l’exiguïté du lot qu’ils achètent, remplacent l’action du capital par celle de leur travail personnel, et ne réfléchissent pas que le produit qu’ils en tirent n’est pas la rente du sol qu’ils ont acquis, mais le maigre salaire d’un travail qui aurait trouvé ailleurs une plus large rétribution.
Nous remercions M. le garde-des-sceaux d’avoir pris ces importantes questions en sérieuse considération. La circulaire signale les points à étudier avec une précision lumineuse. Nous espérons que les cours du royaume seconderont les vues de l’administration, et qu’elles ne se laisseront pas effrayer par les utopies qu’on a jetées dans le public sous des noms divers. Il ne s’agit pas de dénaturer la propriété immobilière. Elle a ses caractères propres ; nul ne peut les lui enlever. Il s’agit d’amender notre système hypothécaire et notre procédure d’aliénation des immeubles, volontaire et forcée. Il s’agit de rendre du crédit aux emprunteurs en donnant aux prêteurs toutes les sûretés que commandent la raison et l’équité. On ne demande au fond rien de nouveau. L’expérience est faite, et depuis long-temps dans plus d’un pays. L’esprit de routine paralysera-t-il nos efforts ? Nous le craignons. Il n’y a plus de superstitions religieuses ; il y en a d’autres, non moins superbes, non moins aveugles.
— Les derniers articles de George Sand, un Hiver au midi de l’Europe, ont eu grand succès à Paris ; ils n’en ont pas eu un moindre à Palma. Ici l’on a ri et l’on a admiré, selon qu’on suivait le train de cette plume brillante qui allait et se jouait des hommes au paysage ; là-bas on s’est fâché. Le premier article où figurait et grognait d’une façon si plaisante l’animal qui se nourrit de glands, pour parler avec Delille, avait provoqué à Palma un premier