« Wischnou, saisissant le pepateh (premier ministre) et les trois assesseurs qui, avec Watou Gounong, avaient formé le conseil des cinq, décida qu’ils seraient l’emblème des quatre grandes révolutions ou Naga (serpens) : la révolution de la terre (Naga Boumi), celle du jour (Naga Dina), celle de la lune (Naga Woulan), et celle de l’année ou du soleil (Naga Tahon). Il arracha les deux yeux à Naga Boumi, afin que la terre ne pût jamais se révolter contre le ciel ; ensuite il creva l’œil gauche à Naga Dina et l’œil droit à Naga Woulan… »
L’opposition entre la mythologie javanaise et celle de l’Inde, qui se manifeste dans le Kanda, disparaît dans le Manek maya, autre poème cosmogonique qu’a produit la littérature kawi. L’ordonnance de ce poème, à la fois simple et régulière, le goût épuré qui en a exclu les exagérations monstrueuses qui abondent dans le Kanda, et la prédominance des idées indoues, attestent qu’il a été composé à une époque postérieure à celle où ce dernier vit le jour, et lorsque l’art d’écrire avait déjà fait de grands progrès. Le Manek maya procède presque entièrement du dogme bouddhique. Il reproduit sans aucun doute les doctrines de ce système religieux, telles qu’elles étaient professées à Java dans les premiers siècles de notre ère.
Ce poème, qui est basé sur une symbolique encore très obscure dans l’état actuel de nos connaissances, s’ouvre par le tableau de la création de l’univers.
« Avant que les cieux et la terre fussent créés, Sang Ywang Wiseva (le tout-