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Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 27.djvu/270

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plus haut du caractère de l’histoire javanaise s’applique de tout point à la manière dont ces derniers ont traité ce genre de composition. Dans le monde des chroniques que renferme la collection de Raffles, l’une des plus intéressantes est celle qui a pour titre Sedjaret Malayou (Généalogies Malayes). Elle a été rédigée vers le commencement du XVIIe siècle par ordre du sultan Abdallah, roi de Malaca, et traduite dernièrement par M. Le docteur Leyden. C’est un recueil de traditions historiques relatives aux radjas (rois) et aux princes les plus célèbres de l’archipel d’Asie et de la péninsule malaye, qui ont régné depuis la fondation de l’empire de Menangkabow dans l’île de Sumatra, vers les premiers siècles de notre ère, jusqu’à la prise de Malaca par les Portugais, en 1511. Mais de tous les manuscrits historiques de cette collection, le plus considérable et le plus précieux, c’est la grande chronique des rois de Java en deux énormes in-folios, comprenant dans un espace de dix-sept à dix-huit cents ans tout le corps de l’histoire javanaise, à partir des premiers siècles de notre ère jusqu’au règne du sultan Amangkou-Bouama, quatrième du nom, lequel occupait encore le trône en 1814.

Il existe à la Société royale asiatique de Londres d’autres manuscrits d’un caractère historique ; ce sont les chroniques de plusieurs états de l’archipel d’Asie, moins considérables, moins puissans que l’empire javanais, mais dont le rôle n’a pas été sans importance dans les destinées des peuples de cette partie du monde océanique. Parmi ces manuscrits se trouvent la chronique des rois de Pasay, capitale d’un état autrefois très puissant situé sur la côte occidentale de Sumatra, celle du royaume de Mangkassar, dans l’île de Célèbes, et les grandes annales malayes. Des recherches intelligentes faites sur les lieux et dirigées avec ce zèle éclairé qui animait Raffles et les autres savans anglais, amèneraient sans doute de nouvelles découvertes. Il n’est pas de nation ou de pleuplade dans l’archipel d’Asie, si faible qu’elle soit, qui n’ait ses annales, ou du moins une liste généalogique des souverains qui l’ont gouvernée.

Dans la littérature malaye, les romans sont aussi nombreux et conçus d’après le même plan que dans la littérature javanaise ; les uns retracent la peinture naïve des scènes de la vie réelle, les autres associent des faits vrais aux créations de l’imagination, l’histoire à la mythologie. Comme dans les épopées et les pouranas indous, les limites du monde idéal y viennent sans cesse se confondre avec les limites du monde réel ; les hommes, les dieux et les génies s’y trouvent en présence. Plusieurs, de ces romans sont écrits en prose,