Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 27.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



AFFAIRES DE SUISSE.

LA DIÈTE ET LA QUESTION D’ARGOVIE.

La Suisse est un bien petit pays, mais sa position au cœur de l’Europe, son héroïque histoire, le génie indépendant et fier de ses habitans, lui assignent parmi les nation une importance qui contraste avec sa faiblesse apparente. La France surtout doit se préoccuper de la Suisse, et suivre avec soin tous les évènemens qui se passent dans ce coin de terre. La Suisse est une des plus vieilles alliées de la France ; elle touche à plusieurs de nos plus belles provinces ; une grande partie de ses cantons parle notre langue ; son histoire a été liée à la nôtre sur bien des points, et le contre-coup de nos révolutions s’y est toujours fait sentir. Sa neutralité perpétuelle, reconnue par les traités, est une des plus précieuses garanties de notre sol contre une invasion ; ses peuplades guerrières gardent pour nous les passages des Alpes, et nous dispensent de veiller sur nos frontières du Jura aussi soigneusement que sur le reste. L’affaire actuelle des couvens d’Argovie est une question tout intérieure, toute domestique, qui ne regarde que la Suisse, et dont les puissances de l’Europe n’ont pas à se mêler ; mais, comme elle compromet au plus haut point la paix intérieure de nos voisins, l’esprit public en France s’en est justement inquiété, et ce sera répondre à un intérêt aussi général que légitime que d’en raconter ici les phases avec quelque détail.