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L’ALGÉRIE.

d’une part, et de l’autre l’habileté commerciale de l’empereur de Maroc, ont causé cette interruption. L’empereur de Maroc, à qui l’avarice a enseigné l’économie politique, a détruit la plupart des entraves mises ordinairement en Orient à l’exportation des marchandises. Cette mesure a amené à Maroc un plus grand nombre de caravanes, et ces caravanes, composées de mahométans, préfèrent un état mahométan, où les routes sont à peu près sûres et le commerce à peu près libre, à Oran aujourd’hui chrétienne, et dont la guerre trouble les approches. Cependant, dit M. Baude, « malgré l’établissement de plusieurs maisons européennes à Mogador, le commerce y est encore resté soumis à trop d’avanies et de difficultés, pour qu’Oran ne l’emporte pas promptement sur Mogador, si Oran devient un port franc. Abd-el-Kader lui-même avait tenté d’attirer à Mascara la caravane du Tafilet[1]. » Les maîtres de l’Afrique septentrionale ont tous senti que le commerce des caravanes faisait une grande partie de la puissance de l’Afrique, et ils ont tous voulu l’attirer ver eux.

C’est ici que j’essaierai d’ajouter aux recherches de M. Baude quelques indications sur les deux points suivans : 1o Quelle est la direction que suivent les caravanes à travers le désert ? 2o Les caravanes des anciens suivaient-elles la même direction que les caravanes modernes ? Sur le premier point, j’ai les excellentes recherches de M. Walkenaer ; sur le second le témoignage d’Hérodote.

Les routes que les caravanes suivent dans le désert sont utiles à connaître, parce que, ces routes correspondant à certains points de la côte, nous saurons mieux, après cette étude, quels sont les points qui doivent, sous ce rapport, attirer surtout notre attention. Les routes du désert ne changent pas selon le caprice ou le génie de l’homme ; il ne s’agit pas, dans le désert, de choisir la route la plus courte ou la plus droite : il faut prendre celle que la nature a faite, celle où elle a mis des puits et quelques îlots de verdure. Les oasis déterminent donc l’itinéraire des caravanes dans le désert, et cet itinéraire a cela de remarquable, qu’étant nécessaire, il est le même depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Ce qui doit aussi influer sur la direction de ces itinéraires, outre les oasis, ce sont les points de départ et les points d’arrivée. Je ne parle pas ici des points de départ de l’Afrique méridionale, ces points ne sont pas encore assez connus. Est-ce de Tombouctou que partent toutes les caravanes destinées soit pour le nord, soit pour l’est ? Est-ce d’autres points ? Ce sont des questions qui ont

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