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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 juillet 1841.


La France vient de célébrer le onzième anniversaire de la révolution de juillet. C’était un spectacle imposant que l’innombrable population de la capitale accourant sans tumulte, se pressant sans désordre, le long de ces lignes immenses où la fête brillait, il faut le dire, avec une magnificence inaccoutumée et pleine de goût. La foule célébrait avec une joie digne et calme le souvenir de cette légitime victoire qui ne fut pas un emportement de la force, mais le triomphe de la loi. Au milieu de ce peuple si gai et si contenu, si avide de plaisir et si maître de lui-même, on avait le sentiment qu’on assistait, non aux réjouissances bruyantes et désordonnées de partis, mais à la fête de la nation.

Les troubles qui ont agité quelques villes du midi, n’avaient évidemment pas d’échos dans la grande cité. C’est que rien dans les troubles du midi ne pouvait émouvoir ni égarer le sentiment national ; il n’y avait là ni cause réelle, ni prétexte plausible d’agitation ; l’affaire de Toulouse, nous le disions d’abord, et les faits sont venus confirmer notre opinion, n’a été qu’une ébullition de l’esprit municipal que des antipathies personnelles ont rendue plus opiniâtre et plus vive. C’est à tort qu’on accuserait du mouvement de Toulouse l’un ou l’autre des partis extrêmes qui rêvent le renversement de la monarchie de juillet. Ce serait donner à ce mouvement une importance qu’heureusement il n’a pas. Sans doute les partis sont toujours à l’affût de tous les accidens politiques qui pourraient faciliter l’accomplissement de leurs projets. Il n’y a rien là de surprenant. Mais les faits de Toulouse, tels du moins qu’on nous les a fait connaître, n’annonçaient que les prétentions exagérées d’une commune