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LES GAULOIS EN ASIE.

à ceux de Rome même. Les artistes grecs employés par les vainqueurs donnèrent à ces constructions un cachet de finesse et d’élégance que n’avaient pas les monumens d’Italie.

Les ravages du temps et des hommes ont détruit la plupart des édifices antiques ; un seul temple, monument de flatterie plutôt que de piété, élevé par les princes galates en l’honneur d’Auguste et de Rome, subsiste encore, pour attester à quel degré éminent les arts étaient parvenus en peu de temps dans la capitale de la Galatie. Ce monument occupait le centre de cette partie de la ville qui fut l’ouvrage des Romains. Précieux sous le rapport de l’art, il est plus remarquable encore par les nombreuses inscriptions placées sur ses murailles, qui nous ont ainsi conservé des documens historiques très importans. Nous avons à regretter des portions notables de l’architecture, les colonnes et les chapiteaux, l’entablement extérieur ; mais, dans ce qui reste, tous les détails de construction et d’ornement sont exécutés avec tant de goût et de précision, que le temple d’Ancyre, s’il était plus connu, serait sans contredit placé au premier rang des chefs-d’œuvre de l’architecture romaine.

Les ruines du temple d’Ancyre se composent des deux murs latéraux de la cella, avec les antes ou pilastres qui les terminent. Ces murs sont construits en gros quartiers de marbre, reliés par des crampons de bronze, comme on peut s’en assurer dans les parties brisées. Les chapiteaux des pilastres représentent des victoires ailées, qui s’appuient sur des enroulemens de feuillage. Ces figures s’ajustent avec une convenance parfaite dans des rinceaux d’acanthe, qui forment la frise extérieure du mur de la cella. La largeur et la hauteur des pilastres font connaître les dimensions des colonnes absentes ; l’antiquaire peut ainsi reconstruire dans son imagination un des plus beaux monumens d’Ancyre.

La façade du temple était ornée de six colonnes d’ordre corinthien, qui portaient un entablement et un fronton. Des débris épars qui ont appartenu à l’édifice font voir que les colonnes étaient cannelées. L’ajustement du mur de la cella indique qu’elle était entourée d’un portique ; ainsi le temple d’Ancyre était héxastyle et périptère, disposition généralement adoptée par les Romains pour les édifices religieux de grand style.

Dans la partie antérieure du temple est une sorte de vestibule ouvert, que les anciens appelaient pronaos. On entrait du pronaos dans la cella (partie réservée pour les prêtres) par une porte richement ornée d’un entablement porté sur deux consoles de marbre. Il est