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aime l’Orient ; il apportera, dans le champ nouveau qui lui est ouvert, une passion sous laquelle se viendront rejoindre et combiner ses anciennes et prochaines études. La nécessité d’un cours tracé, ces bornes dans lesquelles il ne suffit pas de courir, mais où il faut en tout sens labourer, forcent souvent les esprits généreux à produire toutes leurs œuvres, et leur imposent cette patience qui n’est pas tout le génie sans doute, mais que Buffon avait raison d’y faire entrer. Ceux qui ont lu et admiré les derniers travaux critiques de M. Quinet, relativement à l’Allemagne, savent ce qu’on peut attendre de lui avec suite dans ce nouveau sens. Quant à M. Philarète Chasles, les lecteurs de cette Revue ont appris aussi à le connaître par ses travaux les plus développés, les plus nourris ; son érudition ingénieuse s’est depuis long-temps installée dans la littérature anglaise comme dans une patrie ; mais, si étendue que soit cette possession, il ne s’y borne pas ; il voyage en tous sens et nous rapporte toujours des documens à la fois et des idées. L’éclat de ses thèses a été grand ; sa parole prompte, vive, souple à l’escrime, pleine de ressources et de raisons, a dénoncé aussitôt le professeur tout trouvé chez celui qu’on savait d’ailleurs un écrivain si habile et si rompu. Le talent et le mérite de M. Chasles sont de ceux qui ne font que gagner aux années et qui y obtiennent tout leur prix.


M. Libri vient de faire paraître la suite de son Histoire des sciences mathématiques en Italie. Les deux premiers volumes annonçaient déjà un ouvrage des plus remarquables ; le troisième et le quatrième se placent au premier rang parmi les publications importantes et sérieuses de notre époque. On ne sait ce qu’on doit le plus admirer de la profondeur des recherches, de la nouveauté des résultats, ou de l’élégance des formes. M. Libri a su se faire lire avec le plus vif intérêt par les hommes du monde, sans rien retrancher de ce qu’il devait aux hommes de science. Il a rejeté dans des notes, à la fin de chaque volume, tout ce qui aurait nui à la rapidité de la narration et ce qui ne pouvait être compris que des mathématiciens.


V. de Mars.