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DES PUBLICATIONS HISTORIQUES EN ITALIE.

de régner. Les correspondances secrètes, les dépêches originales des ambassadeurs toscans envoyés dans toutes les parties de l’Europe, se trouvent là jour par jour, depuis le commencement du XVIe siècle ; tout s’y conserve, jusqu’aux satires les plus sanglantes contre les Médicis, qui souvent après avoir puni l’écrivain, gardaient soigneusement dans leurs archives les ouvrages où ils étaient insultés. Du reste, ces archives renferment des souvenirs de plus d’un genre, et tout Florence sait qu’au milieu de la correspondance du cardinal Hippolyte de Médicis, qui vivait au commencement du XVIe siècle, on voit encore un paquet qui contient une poignée de barbe arrachée par le cardinal à un de ses ennemis, et placée dans les archives de la famille avec une inscription destinée à perpétuer le souvenir de cet exploit. Malheureusement, ces archives, qui contiennent tant de documens intéressans et instructifs, ne sont guère accessibles aux savans florentins, qui voient à regret les étrangers, les Allemands surtout, admis facilement dans un dépôt où jusqu’ici les gens du pays n’ont pu pénétrer qu’à grand’peine.

Il s’est formé à Florence, pour la publication des documens historiques, différentes société dont l’ame et le chef est le marquis Capponi, homme d’un grand savoir, et qui connaît merveilleusement l’histoire de son pays. Jusqu’à présent, M. Capponi a peu produit, mais les notes qu’il a ajoutées aux Documens d’Histoire Italienne, que M. Molini a tirés presque entièrement de la Bibliothèque royale de Paris, ont montré toute l’étendue de ses connaissances, et ont prouvé qu’il possède un talent indispensable en Italie : savoir, de dire tout ce qui est utile, sans que la censure y trouve rien à reprendre. L’une de ces associations a pour but de publier les relations des ambassadeurs vénitiens. On sait que la république de Venise avait voulu qu’à leur retour les agens diplomatiques qu’elle envoyait partout, depuis Ispahan jusqu’à Lisbonne, présentassent une relation historique, politique et statistique des pays où ils avaient séjourné. Ces relations, qui sont fort nombreuses, forment, par leur ensemble, une espèce d’histoire universelle moderne très instructive, et l’on ne saurait douter que des écrits qui faisaient si bien connaître les pays étrangers, n’aient contribué à l’éducation politique de cette aristocratie vénitienne dont la prudence était devenue proverbiale. Jusqu’à présent, on n’avait fait paraître qu’un petit nombre de ces relations, plusieurs de celles qui concernent la France ont été insérées par M. Tommaseo, sous la direction de M. Mignet, dans la Collection des Documens que publient les comités historiques, et il serait