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utile de compléter cette série. On vient de former à Florence le projet de donner une édition complète de ces relations, et la direction de cette entreprise a été confiée à M. Albèri, jeune savant aussi zélé qu’instruit, auteur d’une biographie très considérable de Catherine de Médicis. Cet ouvrage, rédigé surtout d’après des documens inédits qui existent en Italie, mériterait d’être répandu en France. Les relations déjà publiées par M. Albèri sont fort intéressantes : la correspondance de Capello, ambassadeur à Florence pendant que cette ville était assiégée par les soldats de Charles V, suffirait seule pour assurer à cette collection le suffrage du public.

Maintenant il vient de se former une autre société pour publication de toute sorte de chroniques et de documens relatifs à l’Italie. Ce recueil portera le nom d’Archives historiques. Le premier volume doit paraître sous peu, et l’on annonce qu’il contiendra des pièces intéressantes sur les Vêpres siciliennes. On dit que l’éditeur de ce volume sera M. Niccolini, homme éminent qui jouit en Italie d’une grande et juste réputation, et dont à peine quelques personnes en France savent le nom. M. Niccolini, qui prépare depuis long-temps une histoire des Hohenstaufen, est l’auteur de plusieurs tragédies qui ont eu un très grand succès : il n’est pas le seul poète en Italie qui sache s’illustrer dans des travaux plus graves et plus savans. Manzoni aussi a prouvé, par quelques essais qu’on voudrait voir complétés, que même comme historien, l’auteur d’Adelchi pourrait se placer au premier rang. On augure fort bien des Archives historiques de Florence, qui sont dirigées par des hommes zélés et instruits, et dont l’éditeur, M. Vieusseux, a toujours fait preuve d’une rare activité et des plus louables intentions.

Outre ces publications collectives, il a paru dans ces dernières années, en Toscane, d’autres travaux historiques remarquables à plus d’un titre. M. Polidori a mis au jour la chronique de Cavalcanti, ouvrage que l’on dit avoir été consulté souvent par Machiavel. Nous regrettons que, dans les notes, le savant éditeur ait cru devoir souvent critiquer quelques propos assez lestes échappés à l’historien. Cette espèce de lutte entre l’auteur et l’éditeur finit par indisposer le lecteur, et ne saurait jamais contribuer au succès de l’ouvrage.

Il ne serait guère possible de faire ici l’énumération de tous les ouvrages historiques qui ont paru en Toscane dans ces dernières années. Plusieurs sont d’un intérêt trop restreint et trop local pour qu’on puisse jamais espérer de les voir répandus en France. Il faut faire cependant une exception pour le Dictionnaire historique de la Tos-