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Mlle DE LA CHARNAYE.

Marie-Athanase Chrestien, marquis de La Charnaye, capitaine au régiment de Flandre, quitta le service en 1782, après la mort de sa femme, qui lui laissait deux enfans à élever. On lui apprit subitement cette nouvelle à Perpignan, où il était en garnison. Il revint en hâte à sa terre de Vauvert, en Poitou, et trouva sa maison et le pays désolés de la mort de la marquise, qui s’était fait adorer. Il avait alors quarante-cinq ans ; ses enfans étaient fort jeunes, son fils avait dix ans, sa fille huit ; le soin de leur éducation, la surveillance de ses propriétés, le retenaient impérieusement : il régla sa sortie du corps avec le ministre, et se retira définitivement, après vingt-cinq ans de service, avec sa croix de Saint-Louis et sa pension de retraite d’environ 600 livres. Il remit ordre à ses affaires, prépara son fils à entrer à l’école militaire et reprit peu à peu le train de vie des gentilshommes poitevins, hommes pieux et simples pour la plupart, gens de la vieille roche, vrais campagnards et grands chasseurs.

Le château de Vauvert, dont on ne voit presque plus rien aujourd’hui, était situé au milieu de cette partie du Poitou qu’on appelle le Bocage, à cause des grands bois qui la couvrent, comme on sait. Le domaine était en outre environné d’un parc considérable, et c’était après avoir cheminé long-temps dans les bois perdus, dans les solitudes les plus sauvages, qu’on se trouvait tout à coup devant la grande porte, toujours ouverte. Des restes de fossés au pied du mur, tout éboulés et embarrassés d’herbes aquatiques, n’étaient plus que