resserrent. Moi aussi, j’aimerais de grand cœur à croire à un XVIIe siècle futur plutôt qu’à un Du Bartas ; mais il n’est pas en nous que cela finisse de telle ou telle manière. Le hasard du génie y pourvoira. Et puis l’humble poésie est à bord, après tout, du grand vaisseau de l’état, et telles seront les destinées de l’ensemble, telles aussi un peu les siennes en particulier. Ce que je sais bien, c’est que la renommée finale des poètes actuels, leur classement définitif dépendra beaucoup de ce qui viendra après. Et ils ont intérêt, chose singulière ! à ce qu’il vienne quelque chose de plus grand, de meilleur qu’eux. Un bel âge littéraire complet, ou du moins une vraie gloire de poète de premier ordre, serait un bonheur et un coup de fortune pour tous ceux de valeur qui l’auraient précédé. Qu’il vienne donc, qu’il soit né déjà, celui de qui dépendent nos prochaines destinées ! L’originalité, à mon sens, serait qu’il fût épique ou dramatique, c’est-à-dire qu’il portât la main là où on a manqué, là où les grandes moissons se conquièrent. À lui ensuite de régler les rangs ! S’il est équitable en même temps que vrai génie, s’il est généreux, il dira à qui il doit le plus, et ce qui lui en semble parmi ceux qui lui auront frayé la route, qui lui auront préparé la langue poétique continue ; et sa parole fera foi.
Nous voilà bien loin de notre point de départ et des Glanures qui nous ont mis en train. Si ce volume avait paru il y a dix ans, il n’y aurait pas de doute sur le rang qui lui devrait être assigné. Aujourd’hui, bien que venu tard et dans une littérature encombrée de pastiches et de contrefaçons spécieuses, il s’en distingue d’abord et se rattache à la franche veine d’inspirations ; sa vraie date reparaît. Suivant une expression de Mlle Bertin, elle aussi, elle est arrivée à la onzième heure de poésie ; j’espère que de même elle aura sa part, et elle la mérite à côté de plus d’un qui a devancé.