tricables, est en même temps une cause d’embarras pour le cabinet de Saint-James : D’un côté, lord Palmerston et son parti l’accuseront de mollesse et soutiendront que la ratification de la France pouvait être obtenue avant la convocation de nos chambres ; de l’autre, il trouve dans son propre parti, dans les rangs ministériels, parmi les conservateurs, des hommes considérables, influens, qui sont tout-à-fait intraitables sur la question du droit de visite. Toute modification du traité, tout délai sera un crime à leurs yeux, et ils seront tout aussi disposés que les whigs à lui reprocher le refus ou les retards de la France.
La question des céréales n’est ni moins embarrassante ni moins grave. Le cabinet anglais s’est appliqué à la résoudre en conservant le principe du droit mobile ; seulement il a rendu la charge moins lourde pour les consommateurs, et il s’est efforcé de prévenir les fraudes qu’on ne saurait éviter lorsqu’une excessive mobilité du droit offre à la cupidité des appâts trop séduisans et des moyens de succès trop faciles. Lorsque toute fluctuation du marché peut être la cause d’un gain considérable, il devient à peu près impossible de prévenir les négociations simulées, les hausses et les baisses factices. C’est là un des reproches les plus graves et les mieux fondés qu’on ait le droit de faire aux lois économiques qui poussent trop loin le système restrictif. Elles engendrent la fraude et l’immoralité. Elles dépouillent l’homme probe au profit du fripon. Elles proportionnent les profits, non au travail de l’honnête homme, mais aux efforts de l’homme rusé.
À ce point de vue, le projet de sir Robert Peel ne mérite que des éloges. L’intention est bonne, et les moyens, sans être aussi décisifs que le serait un droit fixe ou la suppression de tout droit, sont cependant propres à prévenir un grand nombre de fraudes.
Quant au droit lui-même, le bill rencontre tous les adversaires des mesures de conciliation, ceux qui prétendent tout enlever d’un seul coup, comme ceux qui croient avoir le droit et la force de tout refuser. Le ministère est obligé de lutter à la fois avec ses adversaires naturels et avec une partie de ses amis. Parmi ces adversaires, les uns, sous la conduite de lord John Russel, lui opposent le principe du droit fixe ; les autres se proposent, dit-on, de demander, par l’organe de M. Villers, la suppression de tout droit.
Dans l’état des esprits, ce dernier système n’a aucune chance de succès. La lutte sérieuse s’établira entre le système du droit fixe et le système du droit mobile, entre le cabinet de lord Melbourne et le cabinet de sir Robert Peel. Il serait injuste de ne pas reconnaître que le bill proposé, tout en conservant le principe en vigueur, en adoucit d’une manière notable les conséquences au profit des consommateurs. Le maximum du droit descend de 35 shellings à 20. C’est un dégrèvement de 15 shellings par quarter, d’environ 3 shellings (plus de 6 francs) par hectolitre. Le dégrèvement est de 10 à 12 shellings, lorsque le blé se trouve dans les prix moyens.
Nous l’avons dit plus d’une fois, il était impossible de conserver plus long-temps des lois qui n’avaient d’autre but que d’accroître la rente des proprié-