nistères desquels la France attend le plus, fi donc ! on ne se dérange pas pour si peu. En acceptant un de ces trois postes, on s’expose à passer pour une doublure.
C’est une charmante expression, que celle du vocabulaire administratif, qui dit président-né, membre-né, pour indiquer une attribution inhérente de droit à telle ou telle fonction. Cela se dit par métaphore, mais maintenant on est ministre-né, sans figure de rhétorique et à la lettre.
Puisque la politique est comme une armée où l’on s’enrôlerait maréchal de France, il serait à désirer qu’une loi créât une île Barataria où les ministres expectans feraient une certaine station. On y débuterait, non pas avec le titre de secrétaire-général ou de sous-secrétaire d’état, mais avec celui de ministre, de ministre à portefeuille. De bon bourgeois pérorant d’une façon diserte, on deviendrait, sans transition, excellence pour les huissiers, monseigneur pour les pauvres hères qui aspirent à devenir commis. On aurait 80,000 francs de traitement, et il y aurait un président du conseil à 120,000 francs. Cela ne coûterait pas plus d’un million ; ce serait pour rien ; les novices s’y feraient la main. On sauverait ainsi bien des meurtrissures à cette pauvre France.
Si j’avais l’honneur d’être député, par amendement à ce projet de loi, je demanderais que tous les ministres en expectative, appartenant à l’opposition, fussent tenus de mettre en pratique, dans cette île, pendant trois mois, les doctrines par eux professées durant leur carrière opposante. Quant à la population de l’île en terre ferme, elle se formerait naturellement, pendant le même délai, des électeurs qui leur auraient donné leur voix.
Au nom du progrès à la cause duquel la France s’honore d’être dévouée, la politique de l’Autriche a souvent été qualifiée sévèrement. Un sujet autrichien, homme éclairé, qui connaît le gouvernement de son pays et qui ne déguise pas l’admiration que ce gouvernement lui inspire, me disait à ce sujet que la politique autrichienne ne s’écartait des idées de l’école moderne qu’en ce qu’elle limitait le domaine de l’innovation. « En France, me disait-il, l’école de la révolution avait cru que tout absolument était à changer du blanc au