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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/821

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FÉERIES.

Ou les brises du soir dans Tibur étouffées.

Il m’en souvient, ce fut dans l’île Procida
Qu’un soir je vis entrer Maria-Agatha,
Pour me faire admirer, fille encore enfantine,
Sur son corset doré sa robe levantine :
De peur de trop la voir, je détournais les yeux.
Mais quel air de chrétienne, oh ! quel air sérieux,
Quand, passant au milieu d’une belle jeunesse,
Le dimanche matin elle vint de la messe !
Ce charmant souvenir dans mon ame est resté,
Marie-Agathe, et mes vers l’ont chanté.

J’ai vu, j’ai vu passer les nymphes et les fées,
Blanches filles de l’Ouest, brunes filles du Sud ;
Je compterais plutôt les vagues de Ker-Lud,
Ou les brises du soir dans Tibur étouffées.

Comme je traversais le ruisseau de Ker-lorh,
Anna, sur un talus semé de boutons d’or,
Joyeuse et s’enivrant de la belle nature,
Chantait le mois d’avril et chantait la verdure.
Pour boire au clair ruisseau s’arrêta mon cheval,
Et j’aspirai la voix pure comme un cristal.
Je ne m’étonne plus, fille heureuse de vivre,
Si l’écolier Loïc s’ennuie avec son livre,
Et si, quand vous chantez seule parmi les fleurs,
Sur son cahier on voit tomber ses pleurs.