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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/822

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REVUE DES DEUX MONDES.

II.
MORGANA.
Italie.
UN PÂTRE.

« Debout, mes bons seigneurs ! c’est assez pour Morphée !
Allons voir Morgana la fée,
Sur un char de vapeurs avec l’aube arrivée[1].

Chaque été, prenant son essor,
Légère, elle s’en vient des brumes de l’Arvor
Bâtir ici ses palais d’or.

Au pâtre de Reggio si vous tardez à croire,
Gravissons le haut promontoire :
Là nous verrons la fée et dans toute sa gloire.

Que de monde ! ouvrez bien les yeux :
Le prodige veut naître, et déjà des flots bleus
S’étend le miroir onduleux.

Place au pâle étranger ! car peut-être Morgane,
(Comme au pasteur notre Diane)
Un soir, lui dévoila sa beauté diaphane ?

UN VOYAGEUR.

Non ! Pourtant d’aïeul en aïeul,

  1. Mor-gana, fille de la mer. C’est à cette fée armoricaine que le peuple attribue, en Calabre, le curieux phénomène de réfraction qui se voit souvent dans le détroit de Messine.