même résultat : un affreux massacre d’une part et fort peu de danger de l’autre. Dans le cas dont je viens de parler, les circonstances motivaient en quelque sorte l’emploi de la force, quoique peut-être il eût été plus politique et plus humain de se tenir sur ses gardes et d’attendre une attaque qui, probablement, n’eût pas eu lieu. L’arrivée des deux navires anglais dans le voisinage des forts du Boca-Tigris devait naturellement inquiéter les autorités chinoises, et le combat que je viens de raconter en fut la conséquence.
À la suite de cette affaire, les Anglais qui étaient retournés à Macao furent obligés de se rembarquer avec leurs familles ; on craignait avec raison que Lin ne cherchât à venger la défaite de sa flotte par une attaque sur Macao ou par la famine, qui, sur un seul signe de lui, eût désolé toute la population.
Du reste, le résultat du combat de Chuen-pee ne fut pas exactement porté à la connaissance de l’empereur. Lin prétendit que les navires barbares avaient été chassés du Boca-Tigris après avoir perdu un grand nombre d’hommes, tandis que quelques Chinois seulement avaient été tués à bord de la flotte par l’explosion d’un canon. L’amiral chinois et plusieurs capitaines de la flotte furent promus à des grades supérieurs.
L’odre donné le 28 octobre par M. Elliot à tous les navires de quitter l’ancrage d’Hong-kong pour se rendre à celui de Tong-hoo, fut discuté par les capitaines et les consignataires des navires. Une polémique s’engagea entre eux et le surintendant. L’accord entre l’agent du gouvernement et les sujets anglais était déjà rompu, et cet esprit d’opposition que M. Elliot rencontra depuis, chaque fois qu’il prit une nouvelle mesure, se manifestait déjà hautement. Cependant les navires de guerre anglais ayant changé leur mouillage, force fut aux bâtimens de commerce de les suivre, afin de rester sous leur protection. Ce changement fut complètement effectué le 14 novembre. L’artillerie des batteries chinoises qui, après le départ des navires de guerre, commença à inquiéter les bâtimens restés au mouillage d’Hong-kong, eut probablement une grande influence sur la détermination des capitaines.
Le 20 novembre, le capitaine du navire anglais Abercrombie, Robinson, écrivit au surintendant anglais que, ne regardant pas les injonctions faites par lui aux navires anglais de ne pas franchir le Boca-Tigris, comme obligatoires, son intention était de tenter le passage. Il terminait en demandant à M. Elliot s’il était dans l’intention de s’opposer, par la force, à ce voyage. M. Elliot répondit qu’après de mûres réflexions, il avait regardé comme étant de son devoir de requérir le commandant des forces navales de sa majesté pour qu’il s’opposât, même par la force, à l’entrée de navires anglais dans le Boca-Tigris, qu’il avait reçu de cet officier l’assurance qu’il se conformerait à cette disposition, et qu’il engageait le capitaine de l’Abercrombie à ne pas avancer plus loin.
La lettre du capitaine anglais décida donc une importante question. L’injonction du surintendant anglais devint un ordre positif, et assura l’irres-