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REVUE MUSICALE.

Nous ne savons encore à quel motif attribuer la mise en scène de la Saffo du maestro Pacini, que le Théâtre-Italien vient de produire. Aux approches de la clôture, à cette époque de l’année où les soirées se comptent, l’administration n’aura certes pas spéculé sur les chances plus ou moins favorables d’une nouveauté qui, même en réussissant, eût offert des garanties moins certaines que les chefs-d’œuvre du répertoire courant. Faut-il voir dans cette représentation un caprice de prima donna entraînée par les séductions et le côté pittoresque d’un beau rôle à créer, ou tout simplement un acte de soumission au cahier des charges ? Nous l’ignorons. Quoi qu’il en soit, on ne saurait imaginer de plus pauvre musique. Vous ne retrouvez pas même là cette mélodie facile, abondante, fluide, peu originale sans doute, mais naturelle, et qui coule comme de source chez les maîtres italiens du troisième ordre. Qu’on se figure des motifs avortés et sans haleine, des phrases dont la simplicité va parfois jusqu’à la niaiserie, des chœurs de prêtresses d’Apollon à chanter dans un pensionnat de jeunes filles, des marches sacerdotales à faire danser les ours, puis, brochant sur le tout, un orchestre dont le tumulte étourdissant ne parvient pas à couvrir l’inexpérience déplorable, et l’on aura peut-être une idée assez juste de cette partition, l’une des plus faibles et des plus négligées qu’ait jamais produites l’improvisation italienne, qui certes, nous pouvons le dire, se connaît en négligences. Jusqu’ici nous n’avions guère entendu, en France, de M. Pacini, que sa cavatine de Niobe, morceau de coupe italienne, assez ordinaire si l’on veut, mais qui réussissait grace à je ne sais quel rhythme chaleureux dont l’ame du virtuose tirait parti, grace sur-