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donne droit aux marques de respect partout où ils passent, et une retraite qui les fait à peine vivre ; ceux qui s’engagent dans la seconde sont soutenus dans chaque traversée par l’espoir de jouir des richesses qu’ils ont acquises dès qu’ils auront touché le port. Les nobles vaisseaux qui portent les uns intéressent tout le monde, c’est à nous tous qu’ils appartiennent ; les balles qui déchirent leur pavillon, les boulets qui brisent leur mâture, c’est pour notre cause qu’ils les reçoivent : s’ils triomphent, c’est une joie universelle ; s’ils succombent, c’est un deuil public. Les navires qui portent les autres intéressent ceux qui les montent et surtout ceux qui les équipent ; si la tempête ou les corsaires fondent sur eux, c’est un deuil pour quelques familles et pour une maison de commerce. Eh bien ! il y a une littérature qui répond à la marine de l’état, qui souffre et combat pour tous ; nous accompagnons de nos vœux les hardis bâtimens qu’elle lance. Il y a une littérature marchande qui défie pour elle seule les vents et les récifs ; que ses galions touchent au port ou fassent naufrage, cela n’intéresse que l’armateur qui les a frétés.

Aussi jadis nous aurions attendu avec anxiété la nouvelle du succès ou du revers de Chatterton ; maintenant nous nous inquiétons fort peu de la réussite ou de la chute des Ressources de Quinola.


G. de Molènes.