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Un savant déjà célèbre, bien qu’il n’ait pas de fauteuil à l’Académie, et qui a lutté plus d’une fois avec l’illustre secrétaire de cette compagnie, M. Saigey, a le premier comblé la lacune dont nous venons de parler. Omettant d’abord l’influence de l’air sur l’écorce terrestre, il a supputé celle de la colonne d’eau des puits artésiens (avant le jaillissement, bien entendu), et il a pu, grace à cette correction difficile, donner une première évaluation de l’accroissement de la chaleur souterraine[1], en s’appuyant sur des observations mieux dirigées que celles de MM. Arago et Walferdin.

Dans la théorie nouvelle, sur laquelle repose cette première approximation, il est essentiel que les observations de température faites à diverses profondeurs soient simultanées. Or MM. Arago et Walferdin n’ont jamais satisfait à cette condition ; ils ont observé successivement à 248 mètres, à 298, à 400, à 505, etc., mais à des époques fort éloignées. Aussi leurs nombres n’ont-ils pu donner qu’un résultat douteux, et ne peut-on leur appliquer utilement la correction dont j’ai parlé plus haut.

Un physicien plus soigneux, M. de Larive, de Genève, a observé la règle négligée par MM. Arago et Walferdin ; malheureusement, le puits dans lequel il a expérimenté n’est pas, par sa profondeur, aussi favorable à ce genre de recherches[2]. Quoi qu’il en soit, les nombres fournis par cet exemple donnent, quand on les soumet à la théorie dont j’ai parlé tout à l’heure, 26 mètres environ pour un degré d’accroissement dans la température, c’est-à-dire qu’il faut s’enfoncer de 26 mètres dans la terre pour que le thermomètre s’élève de 1 degré. Pareil résultat se déduit d’observations faites avec plus d’exactitude encore par M. Magnus de Berlin, dans un puits artésien, sur la rive droite de l’Elbe, à Pitzpuhl, près de Magdebourg. M. Magnus est, on le sait, l’inventeur de ces thermomètres ingénieux à l’aide desquels nous savons aujourd’hui mesurer dans les profondeurs des mers, dans les lacs, dans les puits artésiens, le degré le plus grand de chaleur qu’ait pu atteindre telle ou telle couche[3].

  1. Il faut diviser la somme des profondeurs auxquelles ont été faites les observations par celle des accroissemens de température en passant de chacune d’elles à la suivante ; le résultat est la profondeur dont il faut descendre pour trouver un degré de plus, à savoir 26 mètres environ.
  2. Le puits artésien de Prégny, près de Genève ; sa profondeur est de 220 mètres environ.
  3. Dans ces instrumens, que M. Walferdin a modifiés depuis, il s’opère, à mesure