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L’OBLAT.

TROISIÈME PARTIE.[1]

V.

Onze heures du soir sonnaient à l’horloge de l’abbaye de Châalis ; toutes les lumières s’étaient successivement éteintes derrière les fenêtres qui donnaient sur le grand cloître ; les moines dormaient dans leurs cellules, et le plus profond silence, le silence d’une nuit d’hiver sombre et pluvieuse régnait sous les voûtes du monastère. Pourtant un religieux n’avait pas regagné le dortoir avec le reste de la communauté, et veillait encore assis devant la cheminée du chauffoir. Cette immense salle, lambrissée jusqu’à la voûte de boiseries auxquelles le temps avait donné des tons obscurs approchant de ceux de l’ébène, était faiblement éclairée. La seule lampe qui fût restée allumée sur la longue table autour de laquelle s’asseyaient les moines jetait une lueur vacillante qui laissait dans une demi-obscurité les détails de l’ameublement et faisait ressortir seulement les angles luisans et polis des bois sculptés en relief ; mais parfois de

  1. Voyez les livraisons du 1er avril et du 1er mai.