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s’évertue encore de temps à autre à reprendre ses anciennes allures, mais ces redites laborieuses paraissent bien pâles ; le spirituel pamphlétaire est fatigué.

Ce n’est pas, au surplus, dans les brochures, les journaux et les circulaires, mais dans les faits même qu’il faut aller chercher l’intelligence des besoins du pays. Il y a deux ans, au milieu de l’ébranlement qu’avait imprimé à l’Europe la question d’Orient, le ministère du 29 octobre se présenta, en acceptant la tâche de faire rentrer la France dans le concert européen. Il annonça plus tard qu’il avait obtenu ce résultat par la convention du 13 juillet 1841, et la majorité des chambres ne le démentit pas.

Il y a un an, le parlement a pu se demander si, cette œuvre accomplie, le rôle du ministère du 29 octobre n’était pas terminé. Il y avait dans le sein de la majorité qui lui avait prêté, dans les premiers momens, un appui jugé par tous indispensable, il y avait dans cette majorité des pensées dissidentes, des élémens de division qui pouvaient se produire. Au commencement de la session dernière, une crise ministérielle était possible ; à plusieurs elle paraissait imminente ; elle n’eut pas lieu.

Le ministère du 29 octobre put donc fournir une carrière nouvelle ; il continua de gouverner, et il laissa voir l’intention de dissoudre la chambre. De cette manière il s’affermissait dans le présent et travaillait à s’assurer l’avenir. Aujourd’hui, il se présente aux électeurs en disant : J’ai obtenu deux grands résultats, j’ai conservé la paix européenne, et j’ai reconstitué la majorité gouvernementale. Consolidez mon œuvre par vos suffrages.

Le pays, tout en reconnaissant ce qu’il y a de vrai dans ces deux assertions, a, nous le pensons, des exigences qui dépassent les faits accomplis. La paix est conservée, c’est bien ; mais il reste à l’ennoblir, à l’élever, à la rendre à la fois féconde et digne. En durant, le ministère du 29 octobre a contracté d’autres obligations : dans la première phase de son existence, on ne lui demandait que de prévenir une collision fâcheuse ; c’était une mission transitoire. Aujourd’hui la paix est assurée, le ministère s’en glorifie ; mais le pays en attend les effets et les fruits : il veut savoir ce qu’y gagneront son honneur et ses intérêts.

Si la majorité gouvernementale sort régénérée et plus forte de l’épreuve des élections, elle aura contracté de grands devoirs envers le pays qui lui aura témoigné une si persévérante confiance. La